C’est à la lumière d’un rapport écrit par Sylvain Gervais, de l’organisme Saint-Hyacinthe Technopole, sur le projet pilote de piétonnisation mis en branle l’été dernier qu’ils en sont venus à cette conclusion. Un rapport remis à la direction générale en octobre et que LE COURRIER a tenté d’obtenir sans succès il y a deux semaines à peine.
Il aura suffi d’un article sur un rapport gardé secret le 19 novembre et d’un pissenlit la semaine suivante dénonçant le refus de l’administration de le rendre public pour que la Ville consente à remettre le document qu’elle avait en sa possession depuis le mois d’octobre.
C’est le 23 novembre en séance plénière que les élus ont pu prendre connaissance du document et de ses conclusions. Si nous n’avions pas fait état d’un rapport tenu secret le 19, il y a fort à parier que les élus auraient dû attendre au printemps 2021 pour en prendre connaissance. Preuve que les journalistes sont encore utiles à quelque chose. C’est à ce demander qui décide de ce que nos élus doivent savoir et quand. Inutile de répondre à cette interrogation, nous avons notre petite idée.
Toujours est-il que le fameux rapport est, comme il fallait s’y attendre, pas très positif à l’égard de l’expérience qui s’est déroulée l’été dernier sur la rue des Cascades. Bravo à M. Gervais. Son rapport est clair, net et précis. Honnête. Pas complaisant pour deux cennes.
Le seul reproche que l’on pourrait formuler, c’est de n’avoir trouvé rien de mieux qu’une photo du centre-ville à l’été 2017 pour illustrer la première page du rapport final. À croire que les photos prises dans le cadre du projet pilote étaient toutes trop navrantes.
D’entrée de jeu, M. Gervais met le doigt sur le bobo, comme on dit. Dès le premier paragraphe, il fait allusion à la polarisation du concept de piétonnisation qui a eu tôt fait de séparer les commerçants du centre-ville en deux camps. Les pour et les contre.
« Une consultation exhaustive des commerçants avant l’événement et une plus grande préparation auraient sans doute permis une plus grande acceptabilité du projet et, par conséquent, de meilleurs résultats. » En fait, plus l’expérience s’est étirée dans le temps et plus ceux qui étaient favorables au projet au départ ont changé de camp, note le rapport. « Une consultation auprès de l’ensemble des commerçants, avant la tenue d’un tel projet, favoriserait l’acceptabilité de leur part. L’impression de se faire imposer le projet a été un sentiment souvent énoncé. Une participation proactive des commerçants est un incontournable », note l’auteur qui n’explique cependant nulle part pourquoi ou par qui cette étape essentielle de consultation a été escamotée. Nulle part, il n’est fait mention des actions précises posées par le conseiller du centre-ville Jeannot Caron ou par la Société de développement commercial du centre-ville (SDC) dans la mise en œuvre du projet pilote, outre le fait de faire partager la paternité mutuelle du projet à la SDC et à la Ville.
Vu le manque d’enthousiasme et de collaboration des marchands, l’échec était donc prévisible. Les conditions gagnantes ne pouvaient être réunies vu le contexte pandémique et l’interdiction de favoriser les rassemblements avec de l’animation, des spectacles ou par l’organisation de la populaire braderie du mois de juillet. Dans ce contexte particulier, c’est même à se demander si l’on peut réellement tirer des conclusions du projet pilote pandémique de l’été dernier.
Cela n’a toutefois pas empêché les élus de décider qu’il n’y aura pas de nouvelle tentative l’été prochain, alors que, plus pessimiste encore, M. Gervais suggère d’attendre quelques années avant de relancer un tel projet. Le maire Claude Corbeil préfère laisser le prochain conseil, celui qui sera élu en novembre 2021, réévaluer le dossier pour l’été 2022. On devine qu’aucun élu ne souhaite revivre un été aussi chaud et controversé que celui qui vient de se terminer à quelques semaines des élections municipales. Reste à savoir qui sera le maire et le conseiller du centre-ville quand le sujet de la piétonnisation sera débattu à nouveau. S’il l’est un jour.