15 février 2024 - 03:00
Église Saint-Thomas-d’Aquin : des obstacles à une vente éventuelle ou à une reconversion
Par: Sarah-Eve Charland
L’église Saint-Thomas-d’Aquin a été érigée, à cet endroit, en 1897. Photo François Larivière | Le Courrier ©

L’église Saint-Thomas-d’Aquin a été érigée, à cet endroit, en 1897. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Visée par des rumeurs de vente au cours des derniers mois, l’église de Saint-Thomas- d’Aquin dans le Diocèse de Saint-Hyacinthe possède une histoire assez unique qui mérite d’être connue et considérée par les autorités, soulignent ses défenseurs.

De quelle histoire singulière est-il question au juste? LE COURRIER s’est penché sur la question et voici le résultat de nos recherches.

Vue comme une « succursale » de la paroisse Notre-Dame-du-Rosaire, l’église Saint-Thomas-d’Aquin voit tout d’abord le jour sur le rang Pointe-du-Jour en 1890 à la demande de cultivateurs du coin.

Dans un état lamentable seulement quelques années après sa construction, l’église nécessite des investissements importants. La paroisse était toutefois trop pauvre et petite. Afin d’accroître les moyens financiers, Monseigneur Louis-Zéphirin Moreau oblige la paroisse à s’annexer à la paroisse Saint-Thomas-d’Aquin. À la suite de cette annexion, l’église est démolie et reconstruite en 1897 sur son site actuel sur le boulevard Laframboise.

L’immeuble qu’on connaît aujourd’hui a été construit sur un terrain donné gratuitement par deux paroissiens. L’un d’eux a toutefois imposé deux conditions. Il a pu compter sur un banc d’église lui étant réservé durant toute sa vie, puis lui et sa femme ont eu le privilège d’être inhumés dans la cave de l’église en 1913 et en 1932, au moment de leur décès respectif. Ils y reposent toujours aujourd’hui.

Lors de la reconstruction de l’église, on a réutilisé les matériaux de l’ancien bâtiment. Selon la tradition orale, le presbytère, dépouillé de toutes ses briques, a été déplacé sur la neige à travers les champs, à raison de quelques centaines de mètres par jour, jusqu’au nouveau terrain. Le curé habitait le bâtiment le soir lorsque l’édifice n’était pas en mouvement.

Rappelons que des rumeurs circulent voulant qu’une offre d’achat ait été présentée à la Paroisse Notre-Dame-du-Rosaire afin d’acheter l’église. Jusqu’ici, il a toutefois été impossible au COURRIER de confirmer cette information auprès des sources officielles.

Toutes les paroisses du Diocèse ont cependant reçu le mandat de réaliser un bilan de santé de leurs bâtiments dans l’objectif de prévoir l’ampleur des travaux à réaliser au cours des prochaines années et d’analyser les revenus. C’est sur la foi de ces analyses que des décisions cruciales seront prises au sujet de l’avenir des bâtiments religieux dans le Diocèse.

La place du patrimoine religieux

Interpellé à commenter, le directeur général du Centre d’histoire de Saint- Hyacinthe, Paul Foisy, préfère rester à l’écart du débat pour l’instant. « C’est clair que le patrimoine religieux est un axe important de recherche et de conservation pour notre organisme, mais c’est le devoir des communautés de travailler ensemble pour trouver des solutions. Je comprends qu’on ne pourra pas toutes les conserver », souligne-t-il.

Les dernières modifications de la Loi sur le patrimoine culturel obligent les MRC à réaliser ou à mettre à jour un inventaire des bâtiments présentant un intérêt patrimonial. La MRC des Maskoutains procède donc, en ce moment, à cet exercice. Tous les bâtiments construits avant 1940 seront inclus dans ce document, dont les bâtiments religieux.

De son côté, la Ville de Saint-Hyacinthe a annoncé qu’aucune demande de changement de zonage touchant les bâtiments religieux ne serait analysée par le conseil municipal. Les églises garderont le zonage institutionnel, excluant tout projet privé de construction résidentielle.

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