21 mars 2024 - 03:00
Elliot Maginot, là pour rester
Par: Maxime Prévost Durand
Elliot Maginot dévoilera demain son quatrième album en carrière, I Need to Stay Here,Photo gracieuseté

Elliot Maginot dévoilera demain son quatrième album en carrière, I Need to Stay Here,Photo gracieuseté

Bien des portes se sont ouvertes pour Elliot Maginot depuis la parution de son troisième album, Easy Morning. Il a été nommé sur la longue liste des prix Polaris, il a multiplié les apparitions à la télé et sa tournée a duré près de deux ans. Le natif de Saint-Hyacinthe est maintenant prêt à entamer un nouveau chapitre de sa carrière alors qu’il lancera son quatrième album, I Need to Stay Here, ce vendredi.

Le titre en soi est évocateur. Il met la table à un album réflexif dans lequel l’auteur-compositeur-interprète poursuit son exploration musicale, tout en conservant son unicité artistique.

« Écrire ces chansons-là était un prétexte pour me questionner sur où j’en suis, affirme Elliot Maginot en entrevue avec LE COURRIER. C’était un grand besoin de réactualiser ma perception de moi dans l’existence et la vie humaine, dans ce que ça a de grand et philosophique, mais aussi dans ce que ça a de très concret et quotidien aussi. De redéfinir comment je veux aborder les prochaines années qui me restent à vivre. C’est une espèce de : qu’est-ce que j’ai fait jusqu’à maintenant? Où j’en suis? Est-ce que ça vaut encore la peine? Qu’est-ce qui fait trop mal? Qu’est-ce qui fait du bien? »

Le trentenaire l’avoue bien humblement, il a été surpris du tourbillon dans lequel il a été emporté au cours des deux dernières années et qui lui a apporté une plus grande notoriété dans le paysage musical québécois.

« Ça a été weird pour moi parce que c’était la première fois que je vivais ça. Dans ma tête, on sortait l’album et on faisait quatre shows devant personne, puis on faisait un autre album, mais ça a été vraiment différent », mentionne-t-il avec une certaine naïveté.

Avec son nouvel album, I Need to Stay Here, Elliot Maginot sentait « un grand besoin de repositionnement ».

« Une fois que c’est arrivé, je me disais : ok, tu as eu deux années où tout le monde te disait que c’est dont ben le fun ce qui s’est passé et que tu es chanceux – et c’est vrai que je me considère chanceux –, mais une fois que tu as eu ça, tu te rends compte que ça ne change à peu près rien aux grandes questions et aux fantômes qui te trottent dans la tête. »

Le premier extrait, « Float On Now », aborde d’ailleurs ces questionnements en ouverture d’album. « I wanna feel like I still know the way / I don’t wanna leave but I don’t know how to stay here », chante-t-il.

La poignante « I Fear Everyone », avant-dernière pièce du disque de 12 pièces, se veut plus affirmative dans ce désir de continuer d’avancer malgré les doutes et les craintes qui subsistent.

L’angoisse de voir ses parents vieillir autant que le climat politique tendu avec la guerre en Ukraine et la menace nucléaire qui nous pend au bout du nez ont conduit Elliot Maginot vers des questionnements existentiels, raconte-t-il.

« Malgré ces réflexions-là, je sors de tout ça en me disant que j’ai plein de raisons de rester en vie et de rester ici. Il y a plein de choses que je veux faire, plein de choses que j’ai envie de redonner, donc j’ai besoin de m’ancrer dans la vie terrestre et de me mettre au travail. »

Et la plus belle façon de le faire, c’est à travers la musique.

De nouvelles sonorités

Après avoir intégré des sonorités de musique du monde sur son album précédent, Elliot Maginot avait cette fois envie de mêler des sonorités trad et même country à son univers musical.

« Ce sont des couleurs qui m’obsédaient », souligne celui qui a également coréalisé l’album en compagnie de son fidèle complice Connor Seidel.

Pour y arriver, il s’est entouré une fois de plus de nombreux musiciens. Parmi eux, on retrouve Russ Pahl, « un vieux routier de Nashville », à la pedal steel et Tommy Gauthier, issu de la scène trad, au fiddle, à la mandoline et au mandoloncelle.

« Ça a été tellement bien reçu d’être un peu plus exploratoire – je le dis avec de gros guillemets – et de sortir de la formule “piano, guitare, basse et drum” sur l’album précédent que j’ai peut-être vu ça inconsciemment comme une permission de juste suivre mes envies musicales en terme d’arrangements et d’instruments. »

L’album a été enregistré dans le local de répétition d’Elliot Maginot, où un studio a été aménagé. La musique a été créée en laissant place à la spontanéité, une approche nouvelle pour le Maskoutain.

« Tout dépasse, tout craque, tout est imparfait, mais j’avais le goût de ça. »

On peut même entendre ici et là son chien, Slou, en bruits de fond. Un interlude porte d’ailleurs son nom.

« Mon chien était bébé au moment d’enregistrer l’album, donc elle était très présente au studio parce qu’il fallait que je la surveille. L’album a été fait de manière très spontané et live, donc tous les bruits ambiants qu’il y avait, on les gardait. Bref, mon chien est beaucoup dessus, en particulier sur cet interlude. L’espèce de shaker qu’on entend, c’est littéralement Connor qui a Slou dans ses mains et on entend la petite clochette de son collier. Mon chien a joué sur sa pièce, donc c’était normal de la nommer en son honneur », explique Elliot Maginot.

À peine l’album sorti, l’auteur-compositeur-interprète reprend déjà la route des salles du Québec avec une nouvelle tournée. Pour l’instant, aucune date n’a été annoncée à Saint-Hyacinthe, mais ce n’est qu’une question de temps. « C’est sûr sûr sûr qu’on va venir à Saint-Hyacinthe avec cette tournée et sûrement plus qu’une fois. Si ce n’est pas en 2024, ce sera au début 2025 », a assuré Elliot Maginot.

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