Le chanteur Émile Bilodeau s’est retiré d’un festival gaspésien, dont il était pourtant une tête d’affiche, parce que l’événement ne comportait aucune artiste féminine. Sa décision a beaucoup fait réagir, en bien surtout, et sans rien enlever à la pertinence de son geste, il est quand même ironique qu’un gars reçoive plus d’attention que toutes les filles qui défendent cette cause depuis si longtemps. Mais comme le festival avait lieu à Cap-d’Espoir, on n’en est pas à une ironie près. L’affaire a fait grand bruit, tant mieux parce que c’est trop important pour qu’on se taise plus longtemps. Et quand je dis « on », je parle des garçons.
Les gars… je vous aime, vous le savez, j’en ai souvent parlé pis j’ai bien du fun à vous côtoyer professionnellement, mais il faut slaquer sur les « partys de saucisses ». Ce qui est vrai en musique se vérifie aussi en humour. Ça tend à changer, mais encore trop de spectacles humoristiques ne présentent qu’UNE fille pour plusieurs gars. Se priver du rire féminin, c’est se priver de la moitié du spectacle.
Je ferais un parallèle avec un domaine que je connais encore mieux, l’improvisation. Au Théâtre de la Ligue nationale d’improvisation (LNI) la parité existe depuis le début et jamais nous ne reviendrions en arrière. Le talent féminin rivalise avec le masculin pour le plus grand bonheur des spectateurs. Et il ne s’agit pas d’enlever de la place aux gars, il s’agit de donner aux filles celle qu’il leur revient.
La position d’Émile Bilodeau est largement partagée par les artistes qui ne veulent que jouer ensemble, convaincus que le public y gagnera, mais le message est lancé aux producteurs et diffuseurs de spectacles, festivals et événements pour qu’ils s’enlèvent la tête de dedans l’autruche, comme dirait mononc’ Gérard.