30 janvier 2025 - 03:00
Imagerie nazie à Saint-Barnabé-Sud
En attente de réponses
Par: Martin Bourassa
Martin Bourrassa

Martin Bourrassa

Je n’ai pas l’habitude de commenter deux fois d’affilée le même dossier, mais les récents rebondissements dans le dossier de cet individu qui a versé dans l’affichage haineux et nazi pour exprimer sa colère et dénoncer le harcèlement dont lui et sa famille feraient l’objet à Saint-Barnabé-Sud m’incitent à rajouter quelques lignes à mon éditorial de la semaine dernière.

Sachez d’abord que je n’ai pas changé d’idée et que j’assume encore chaque ligne de mes propos du 23 janvier. Après la lecture d’un long reportage réalisé par un membre de l’équipe d’enquête de La Presse et publié vendredi dernier, je persiste et je signe. Je salue en passant le travail de recherche de mon collègue Tristan Péloquin et l’éclairage qu’il a apporté à cette histoire qui continue d’indisposer bien des gens, dont la communauté juive.

Je ne résumerai pas tout son long papier survolant le passé de Yahia Meddah, mais je vais me permettre de reprendre l’amorce de son article qui en résume les grandes lignes. « Un homme qui a provoqué une commotion en installant des symboles nazis devant sa résidence de Saint- Barnabé-Sud est un ressortissant algérien qui était considéré comme “extrêmement dangereux” lorsqu’il s’est exilé au Canada, en 1998, après s’être sauvé d’un hôpital psychiatrique de la Floride. Le FBI le liait à une organisation terroriste islamiste. Il a depuis été impliqué dans plusieurs procédures judiciaires au Québec. »

Nous avions déjà souligné auparavant que cet individu avait été impliqué dans de multiples procédures judiciaires au Québec, mais de larges pans de son passé nous avaient échappés, comme à tous les autres médias francophones ou anglophones ayant rapporté cette saga qui remonte à l’été dernier.

Comme vous pouvez le constater à la lecture du suivi réalisé dans cette édition par la journaliste Sarah-Eve Charland, les révélations de La Presse ne sont pas passées inaperçues à Saint-Barnabé-Sud et au bureau du député bloquiste de Saint- Hyacinthe–Bagot, Simon-Pierre Savard-Tremblay. Elles ont provoqué une onde de choc et exacerbé la tension déjà bien présente dans la petite communauté.

La Municipalité, qui a maille à partir avec l’individu et sa famille depuis plusieurs mois déjà, sait désormais davantage à qui elle a affaire. Et elle n’est pas rassurée. Le bon côté de la chose, c’est que les élus municipaux et le personnel administratif se sentiront peut-être moins seuls avec cette patate chaude.

Les révélations de La Presse devront avoir des suites puisque bien des questions demeurent sans réponse. Il est d’abord un peu étrange qu’un individu au passé si trouble, troublant et chargé puisse souhaiter attirer autant l’attention sur les siens et lui-même en multipliant les recours en justice ou les coups d’éclat comme de décorer son balcon de croix gammées ou de photographies présentant un dictateur. On aurait pu ou dû s’attendre à ce qu’il souhaite au contraire se faire oublier et passer sous le radar en campagne.

Parlant de radar, on se demande bien comment ce sans-statut en colère, pour reprendre le titre de La Presse, a pu se poser chez nous, voyager allégrement et en découdre autant avec les tribunaux sans jamais s’attirer les foudres des services d’immigration ou des autorités compétentes. Cela relève de l’exploit, sinon des possibles failles de notre système. J’ose croire que notre député fédéral demandera des explications à qui de droit. Il en faudrait pour ne pas alimenter la méfiance et les préjugés à un moment où les enjeux reliés à l’immigration dite régulière et irrégulière, ainsi que toute la question des réfugiés, occupent et préoccupent la classe politique du Québec et du Canada.

Depuis quelques années d’ailleurs, la grande région de Saint-Hyacinthe est reconnue à juste titre, et c’est très bien ainsi, on ne le dira jamais assez, comme une terre d’accueil hospitalière pour les immigrants. En octobre 2023, Le Devoir s’intéressait d’ailleurs au phénomène en expliquant comment Saint-Hyacinthe était devenue un aimant à immigrants.

Mais de toute évidence, nous n’attirons pas toujours la crème de la crème. Alors, s’il y a des lacunes à corriger, c’est le moment d’y voir.

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