Quel était ce titre du reportage de notre journaliste Adaée Beaulieu? Tout simplement : « La nouvelle urgence n’est pas adaptée à la surcapacité ».
Cette nouvelle urgence, celle qu’on a tant espérée et attendue et qui a nécessité un investissement de 69 M$, ne fait pas le travail quand la pression augmente et que l’engorgement se fait sentir.
J’ai résumé grossièrement, mais pas tant que ça, en une phrase les propos de notre interlocutrice. Fait à noter, ce titre ne chapeautait pas une nouvelle écrite à la suite d’une dénonciation anonyme, d’une entrevue réalisée avec un président de syndicat frustré, une infirmière exténuée après du TSO ou un patient impatient après avoir passé 16 heures à attendre de voir un médecin à l’urgence.
Cette entrevue nous avait été accordée par la Dre Marie-Claude Caissie, cocheffe de l’urgence de l’Hôpital Honoré-Mercier. C’est une porte-parole officielle et crédible, au cœur de l’action. Et que nous a-t-elle dit d’intéressant à propos de la nouvelle urgence? Ceci : « Notre nouvelle urgence nous offre le meilleur lieu physique que nous pouvons espérer, mais nous ne pouvons pas la faire fonctionner à son plein potentiel. » Boom!
À l’écouter, l’enjeu n’est pas au niveau du personnel en nombre insuffisant. Il est lié à la fonctionnalité des lieux. La nouvelle urgence n’a pas plus de civières que l’ancienne (26) et elle ne permet plus l’aménagement de lits de débordement dans les corridors, contrairement à l’ancienne. En cas de trop-plein, il faut dénicher des lits dans la tour principale, sur les étages et dans des unités disparates, là où il y a des lits ou de l’espace. On comprend que c’est beaucoup moins pratique que les anciens corridors.
Ce qui complique le tout, et ce n’est pas une caractéristique propre à notre hôpital, c’est le nombre de patients qui occupent inutilement un lit d’hôpital dans l’attente d’un transfert ou d’une place ailleurs dans le réseau.
On en comptait pas moins de 35 l’autre semaine, soit davantage que le nombre total de civières à l’urgence! C’est pratiquement 20 % de la capacité des lits réservés aux soins aigus de l’hôpital qui se trouvent ainsi occupés par des gens qui ne devraient pas y être. Bref, comme le titre à la Une le disait haut et fort, notre nouvelle urgence ne fait pas de miracles, loin de là. De savoir qu’on a attendu si longtemps et dépensé autant pour regretter la souplesse de l’ancienne urgence, c’est assez décevant.
Lors de l’inauguration de l’urgence l’été dernier, j’avais eu l’occasion de discuter avec le ministre de la Santé, Christian Dubé, et de déplorer le fait qu’on ait bâti une nouvelle urgence sans se donner la peine de revoir le nombre de civières, un chiffre qui n’avait pas été rehaussé depuis quelque 25-30 ans selon mes observations, malgré l’évolution démographique et le vieillissement de la population maskoutaine. Il m’avait alors répondu qu’il ne voyait pas la nécessité d’ajouter des civières au permis.
L’autre cochef de l’urgence, le Dr Jocelyn Dodaro, se disait aussi confortable avec le nombre de civières. À son avis, l’enjeu véritable était plutôt du côté des lits libres et disponibles dans l’hôpital, dans les CHSLD et les RPA. Il faut avoir de la marge de manœuvre pour libérer nos civières dès que possible pour assurer le bon roulement, disait-il. « Un problème à l’urgence n’est pas le reflet d’une urgence problématique, mais plutôt d’un problème d’hôpital », soulignait le Dr Dodaro.
De toute évidence, on a un gros problème d’hôpital à Saint-Hyacinthe cet hiver, voire un problème de disponibilité dans le réseau. Ceux et celles qui poireautent dans un lit d’hôpital en attente d’une place ailleurs dans le réseau n’ont d’autre choix que de prendre leur mal en patience. Et mon petit doigt me dit que la nouvelle agence Santé Québec du ministre Dubé ne résoudra pas tous nos problèmes comme par magie. Elle apportera peut-être de l’oxygène ici et là, mais davantage de lits et de civières disponibles à l’urgence ou dans les CHSLD, je n’y crois pas. Et vous?