5 août 2021 - 07:00
En réponse à l’article « Plus de peur que de mal à Saint-Hyacinthe »
Par: Le Courrier


Il était assez surprenant de voir, dans l’édition du 8 juillet du Courrier, votre article concernant l’absence de crise de logement à Saint-Hyacinthe le 1er juillet dernier coiffé de la photo d’un immeuble en rénovation à la suite d’un incendie, au coin de Girouard Ouest et de l’avenue du Palais, immeuble dont les logements semblent bien loin d’être prêts à être loués.

En regardant notre photo prise le 13 juillet, ce changement de perspective illustre bien à notre avis l’écart entre le titre de votre article, qui pourrait laisser entendre que, finalement, tout va plutôt bien dans le marché locatif à Saint- Hyacinthe, et la situation réelle du logement dans notre ville où tout n’est pas rose, loin de là, et ce, malgré les efforts remarquables déployés par l’Office d’habitation des Maskoutains et d’Acton (OHMA) pour reloger toutes les familles dans le besoin le 1er juillet.

Rappelons tout d’abord ce que l’on veut dire lorsqu’on parle d’un taux d’inoccupation de 0,2 % à Saint-Hyacinthe : cela signifie que, sur 1000 logements, il y en a seulement deux qui sont disponibles! Évidemment, si ces deux logements en question sont des appartements de luxe à 1500 $ et + par mois, cela n’aide en rien des familles à faible revenu à se loger.

D’autre part, le taux d’inoccupation des 5 1/2 et plus est simplement de 0 % : il n’y a donc littéralement plus aucun logement accessible pour les familles nombreuses. Devant ces constats, outre la croissance naturelle de la population, où habiteront les travailleurs si un abattoir ou une autre industrie venait à s’installer sur nos terres? Si d’autres immeubles brûlaient? Nous avons perdu au bas mot 140 logements depuis deux ans et demi (à partir de l’incendie de la Place Frontenac).

Il semblerait par ailleurs que plusieurs étudiants du cégep attendent présentement de voir si les cours de la prochaine session auront lieu en personne avant de se louer un appartement. S’ils ont besoin de se loger cet automne, comment feront-ils? Quand des sources nous informent que certains jeunes vivent à cinq dans des 3 1/2 dans notre ville…

Outre la rareté, voyons maintenant le coût pour se loger. Voici les prix moyens des logements en 2021 à Saint-Hyacinthe ainsi que les hausses relativement à 2020 (entre parenthèses) :

Studios : 519 $ (-1 %)

3 1/2 : 685 $ (+13 %)

4 1/2 : 909 $ (+16 %)

5 1/2 et plus : 1105 $ (+8 %)

(source : RCLALQ, enquête juin 2021 : « les loyers explosent »)

La SCHL estime que 30 % du revenu net est le maximum qu’un ménage peut consacrer au loyer afin de lui permettre de vivre une vie décente. Or, selon les données de Statistique Canada, 34 % des ménages locataires québécois accordent plus de 30 % de leur revenu au logement. La situation est encore pire pour 14 % des locataires qui y consacrent plus de 50 % de leur revenu. Ils n’ont donc aucune marge de manœuvre si leur propriétaire augmente leur loyer, qu’ils perdent leur emploi ou que des imprévus surviennent.

En conclusion, se pourrait-il que le 1er juillet, contrairement à ce que le titre de l’article du Courrier pourrait laisser croire, ne soit pas le seul indicateur du problème plus vaste de l’accès au logement? Et puis, s’il n’y a pas eu plus de demande d’aide auprès de l’OHMA, se peut-il que ce soit parce que les gens qui ne trouvent rien à Saint-Hyacinthe sont partis ailleurs? Car la crise du logement, bien réelle dans notre ville, dépasse largement le cadre du 1er juillet et affecte les ménages à bas et moyen revenu à plusieurs niveaux.

Philippe Daigneault et Sonia Chénier, co-porte-paroles, Québec solidaire Saint-Hyacinthe

L’article « Plus de peur que de mal à Saint-Hyacinthe » faisait écho à celui publié dans notre édition du 24 juin, « Les logements se font rares à Saint-Hyacinthe ». Avec une vue d’ensemble, vous sauriez que nous n’avons jamais au grand jamais nié l’existence d’une crise de logements abordables à Saint-Hyacinthe. Il est quand même bon de souligner que, malgré toutes les appréhensions des intervenants par rapport au 1 juillet, le filet social mis en place a bien fonctionné puisque les locataires dans le besoin ont pu être pris en charge adéquatement, évitant ainsi de se retrouver à la rue.

Martin Bourassa, rédacteur en chef

image