Première différence fondamentale. À Pierre-De Saurel, la MRC est le maître d’œuvre; c’est elle qui est propriétaire du parc éolien Pierre-De Saurel (PEPS). Depuis sa création, tout est orienté vers le communautaire. Ici, Innergex est une compagnie privée dont l’objectif primordial est de faire des profits pour ses actionnaires. Pour obtenir le privilège d’exploiter notre vent, elle est prête à payer des redevances. Reste à savoir si toutes les personnes qui seront affectées par le projet auront leur juste part du gâteau.
À la page 6 de cette édition du Courrier, le maire de Sorel, M. Péloquin, dit que des éoliennes tournent chez lui depuis 7 ans. Il oublie de mentionner que ce sont des éoliennes de première génération, beaucoup plus petites que celles qu’on nous propose. Les nouvelles éoliennes ont une production beaucoup plus élevée, mais elles sont plus grandes. La pale de l’éolienne atteint son apogée à 205 mètres (672 pieds) du sol; ça, c’est plus haut que l’édifice de la place Ville-Marie à Montréal. Par conséquent, ces dimensions gigantesques auront plus d’impacts sur le paysage visuel de notre milieu agricole.
Il y quelques semaines, Michael Sabia, PDG d’Hydro-Québec, a annoncé que notre société d’État allait redevenir maître d’œuvre. Comment est-ce que le projet d’Innergex va s’insérer dans cette nouvelle politique? Ajoutons une autre incertitude au sujet d’Innergex : Pierre Fitzgibbon a déposé un projet de loi (PL 69) à l’Assemblée nationale. Ne vaudrait-il pas mieux attendre de connaître les nouvelles règles du jeu avant de prendre une décision dans notre MRC?
Enfin, parlons de transparence. Innergex fait du maraudage en catimini auprès des agriculteurs à Saint-Hugues, à Saint-Dominique et à Saint-Pie. Seuls les propriétaires fonciers ayant une terre agricole dans des secteurs très précis de ces municipalités ont droit à l’information. Le 24 avril dernier, à Saint-Pie, toutes les personnes ne répondant pas à ce critère arbitraire de la compagnie ont été exclues [d’une séance d’information]. Ce maraudage semble se planifier devant une carte géographique dans un bureau central; se présenter chez un propriétaire terrien sans savoir qu’il est également maire de la Municipalité ou chez un militant écologiste n’est pas de bon augure pour la future interaction sociale harmonieuse avec le milieu.
Dans ce tête-à-tête, le représentant d’Innergex veut que l’agriculteur s’engage à signer un contrat d’entente sans être en mesure de répondre à toutes ses questions concernant le type d’engin ou la possibilité de construire un bâtiment quelconque après l’installation de l’éolienne sur son terrain. N’oublions pas que ce contrat d’entente, c’est comme une promesse de vente d’une propriété; ce n’est pas le « vrai » contrat, mais les conditions qui s’y trouvent seront automatiquement transférées telles quelles dans le futur contrat notarié! Pour ne pas se faire rouler dans la farine, faire vérifier un contrat par son avocat ou un fiscaliste est une condition non négociable pour toute personne avisée.
En la soirée du 19 juin, au centre culturel Humania Assurance de Saint-Hyacinthe, c’est la MRC qui a parrainé une séance d’information et de consultation, pas Innergex. Des citoyens tenteront également de connaître les « pour » et les « contre » de ce projet lors d’une soirée d’information qui aura lieu le 4 juillet.
Comparons le degré de transparence d’Innergex avec un autre promoteur d’éoliennes, la Coopérative d’électricité de Saint-Jean-Baptiste. Une coïncidence qui en dit long : au moment même où la MRC des Maskoutains présentait sa séance d’information à Saint-Hyacinthe, la Coop présentait une séance d’information à Saint-Césaire au sujet du parc éolien de Monnoir.
Au mois de mars, la Coop avait déjà présenté une série de trois autres séances d’information. Tout comme dans notre MRC, les éoliennes à Sainte-Angèle-de-Monnoir en milieu agricole sont un problème où les relations de bon voisinage sont mises à rude épreuve. Mais les dirigeants de la Coop prennent le taureau par les cornes et discutent avec la communauté. Après tout, le développement durable axé sur la transition énergétique passe par l’économique, l’écologique et le social.
En 1962, le Québec a décidé que la production de l’électricité serait nationalisée. Cela permet d’avoir les avantages de l’électricité tout en faisant face collectivement aux inconvénients : barrages, terres inondées, lignes de transport, etc. Contrairement à Hydro-Québec, aux MRC, aux regroupements de Nations autochtones et à la Coop, Innergex est une compagnie privée, cotée en bourse; sa seule responsabilité est de satisfaire ses actionnaires. Le 19 juin, où étaient les représentants d’Innergex? Un adage proclame que les absents ont toujours tort. Alors, pourquoi les dirigeants d’Innergex n’étaient-ils pas présents pour discuter avec nous d’enjeux si importants?
Gérard Montpetit, membre du CCCPEM et membre du CMVÉ