7 avril 2022 - 07:05
SP investit 20 M$ à Saint-Hyacinthe
Et c’est le but!
Par: Le Courrier
Martin Bourrassa

Martin Bourrassa


C’est annoncé et confirmé, l’entreprise Vêtements SP investira 20 M$ pour déménager ses activités et ses couturières dans la Stanley Black & Decker. C’est à cet endroit que seront confectionnés, à partir de l’an prochain, les uniformes, gilets et dossards des plus prestigieuses équipes sportives de la planète.

Voilà sans doute la meilleure nouvelle économique de l’année 2022 jusqu’ici dans la région de Saint-Hyacinthe. Et on ne charrie pas. Ce n’est que du positif sur toute la ligne, incluant la participation de la Ville de Saint-Hyacinthe au montage financier. Nous y reviendrons, mais avant, une mise en contexte.

L’annonce de la fermeture progressive de la Stanley Black & Decker avait causé un grand vide, voire une commotion l’an dernier. On voyait disparaître quelque 200 emplois manufacturiers et on s’inquiétait pour la suite. Plutôt, on redoutait que les grands espaces devenus vacants ne soient récupérés par une entreprise de logistique et d’entreposage, ce qui n’est pas synonyme de beaucoup d’embauches. Pensons à ce qu’il est advenu tout récemment de l’usine Mur Design ou jadis de l’ancienne Kimberly Clark.

L’achat de la Stanley par SP annonce le transfert de quelque 150 employés et l’embauche d’une quarantaine d’autres à court et moyen terme. Cette transaction consolide donc l’avenir de SP et de tous ces emplois à Saint-Hyacinthe. Il dissipe au passage un éventuel regroupement des forces de SP du côté de Granby. Précisons qu’il s’agit d’emplois manufacturiers qui ne nécessitent pas de grande formation et qui s’adressent à une main-d’œuvre majoritairement féminine. Tous ces emplois sont donc les bienvenus.

Nous sommes encore loin des belles années de Sport Maska à Saint-Hyacinthe, mais on s’en approche. Au début des années 1990, cette entreprise comptait quelque 400 employés, une usine sur la rue Hébert, une unité de production de bas de hockey et un vaste entrepôt sur la rue Picard où elle retourne aujourd’hui dans un curieux retour aux sources.

Quant à l’avenir de l’usine de la rue Hébert, le marché se chargera sans doute de lui trouver une nouvelle vocation qui sera davantage en accord avec l’environnement résidentiel du voisinage. Saluons donc l’audace et la vision du grand patron de SP, Steve Bérard, Maskoutain de surcroît puisqu’il a grandi à Saint-Thomas-d’Aquin. Cinq ans après avoir acheté Sport Maska, il vient de frapper un grand coup qui laisse présager le meilleur pour son entreprise et la ville de Saint-Hyacinthe. À cet effet, les autorités municipales n’ont pas hésité longtemps à investir dans cette aventure. Elles verseront 500 000 $ sur deux ans à SP.

Il est assez rare que la Ville de Saint-Hyacinthe sorte son chéquier pour épauler l’entreprise privée. On nous assure que c’est arrivé uniquement à deux reprises dans le passé pour soutenir l’ancien propriétaire de l’aéroport de Saint- Hyacinthe (2 X 25 000 $).

On a aussi en mémoire un appui financier de 60 000 $ de la MRC des Maskoutains à l’égard de la société Olymel lors de la remise à neuf de son siège social de la rue Pratte en 2010. Dans tous les cas, on est loin des 500 000 $ consentis à SP.

Est-ce un scandale pour autant? Non. La Ville de Saint-Hyacinthe ne fait que jouer la game. Ce n’est pas la première Municipalité à devoir dépenser des fonds publics et faire des mamours au privé pour attirer et/ou consolider des emplois chez elle. Elles ne s’en vantent pas toutes, mais elles le devraient dans un souci de fair-play. Et attendez-vous à ce que ce genre d’entente ne soit pas la dernière. On devine que bien des entrepreneurs de chez nous vont prendre des notes et iront cogner à la porte de l’hôtel de ville quand ils auront des envies d’agrandissement ou d’acquisitions. Chaque dossier devra être évalué au mérite bien entendu puisque la Ville de Saint-Hyacinthe n’est pas une caisse populaire et encore moins Investissement Québec.

La question qui s’impose est la suivante : si la Ville de Saint-Hyacinthe a estimé que dépenser 500 000 $ était la bonne chose à faire dans le cas de SP, quel engagement et quelle pirouette a-t-elle dû consentir pour attirer la coopérative Exceldor en terre fertile maskoutaine?

On aura bientôt la réponse.

Et dans tous les cas, il sera bien difficile de la blâmer.

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