31 août 2023 - 07:00
Rentrée 2023
Éteindre des feux à longueur d’année
Par: Martin Bourassa
Martin Bourrassa

Martin Bourrassa

Cette année, la première question à poser à son enfant qui rentre de son premier jour d’école n’est pas tant de savoir s’il a aimé faire la connaissance de son nouveau professeur, mais s’il y en avait un quand il s’est présenté dans sa classe, tant la situation semble précaire dans nos écoles primaires et secondaires.

Tous les médias, dont LE COURRIER, ont fait état ces derniers jours de la pénurie qui perdure en éducation en cette semaine de rentrée scolaire.

Alors si on peine à trouver des enseignants, des techniciens en éducation spécialisée et des éducatrices en service de garde pour la rentrée, imaginez un peu le joyeux bordel qui se dessine pour décembre ou au printemps quand la fatigue, la maladie et/ou l’écoeurantite aiguë auront fait leur œuvre?

Il faut donc s’attendre à voir des feux s’allumer ici et là en cours d’année.

Je ne voudrais pas être dans les bottines de Chantal Langelier, pompière en chef et directrice du service des ressources humaines du Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe (CSSSH). Celle-ci doit s’assurer de trouver du renfort pour qu’il y ait un ou des adultes significatifs devant chaque groupe d’élèves dans tous les établissements du territoire qui s’étend à travers les MRC des Maskoutains et d’Acton.

Voilà qu’elle fait face à un joyeux casse-tête en cette rentrée 2023 alors qu’il y a une semaine tout au plus, sur l’ensemble des 3000 postes que compte notre CSSSH, environ 20 % restaient à pourvoir. De façon plus pointue, on recherchait toujours une vingtaine d’enseignants au primaire et 33 au secondaire.

Le mal et la pénurie sont généralisés. Dans l’ensemble du Québec, il restait un peu moins de 2000 enseignants à trouver lundi, selon un décompte dévoilé par le ministère de l’Éducation après consultation de 69 centres de services scolaires sur 72. On ignorait les chiffres concernant le personnel de soutien et la situation dans les services de garde en milieu scolaire. C’est à se demander si on ne verra pas bientôt le premier ministre François Legault à la télévision lancer des appels à tous les volontaires prêts à voler au secours des écoles comme il l’a fait pour les CHSLD au temps de la COVID-19.

S’il est possible de former des préposés aux bénéficiaires en accéléré dans les centres de formation professionnelle, c’est moins vrai pour les enseignants.

Pour les profs, on se tourne vers des gens qu’on dit prêts à enseigner, mais qui n’ont pas la formation requise, en espérant qu’ils la complètent un jour. Parmi les quelque 241 enseignants recrutés et affectés à un ou des postes dans les écoles du CSSSH, une quarantaine d’entre eux étaient sans brevet, donc non qualifiés pour l’enseignement comme tel, même si les diplômes ne sont pas une garantie de réussite. Mais compte tenu de la situation actuelle, nous n’avons même pas le luxe de nous en formaliser puisqu’il faut se compter chanceux que nos enfants aient en face d’eux un adulte bien intentionné. Aussi bien nous habituer à revoir nos attentes à la baisse puisque la pénurie d’enseignants et de professionnels en enseignement ne disparaîtra pas comme par enchantement. On la dit là pour quelques années encore. La situation est aussi désolante qu’alarmante, si vous voulez mon avis d’éditorialiste, de papa et de grand-papa, particulièrement pour les élèves en difficulté d’apprentissage.

Pandémie de COVID-19 et pénurie de personnel dans nos écoles n’augurent rien de bon pour la réussite et l’avenir de cette génération. Ces années-ci laisseront assurément des séquelles qu’on peine encore à même imaginer. Pour l’heure, la priorité est mise sur les solutions à courte vue. On jongle avec les moyens du bord en faisant des acrobaties. Mais il faudra aussi penser à moyen et à long terme. Plusieurs insistent sur l’importance de revaloriser ces professions et nous en sommes. Il faudrait aussi reconsidérer l’importance que nous accordons à l’éducation. Et cela ne se fera pas simplement en rehaussant les salaires. C’est aussi une bonne partie du système, de l’organisation scolaire, qui est à repenser.

Voilà tout un chantier en perspective pour le ministre Bernard Drainville.

Et l’échec n’est pas une option.

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