Holàla que la réplique fut cinglante! Certains l’ont qualifiée « d’ingrate », comparé sa prise de parole à « un crachat », comme si elle n’était soudainement plus des nôtres, d’autres lui intimant même de se taire ou de s’en aller. Pourtant, son sentiment est valide.
Début septembre, l’humoriste Mariana Mazza dénonçait la montée d’un racisme décomplexé en publiant le commentaire d’une dame de 67 ans qui lui disait « retourne dans ton pays! ».
L’humoriste Adib Alkhalidey, dans un récent spectacle, lançait ce cri du cœur : « Qu’est-ce qu’il va falloir que j’accomplisse pour qu’on me traite comme un Québécois, tabarnak? »
Ce que ressent et exprime Kim Thúy est partagé par nombre de ses collègues. Toujours dans son spectacle, justement nommé Québécois tabarnak, Adib Alkhalidey explique: « … un régime tyrannique, la première chose que ça fait, c’est de s’attaquer aux artistes et aux intellectuels (…) parce que, règle générale, l’artiste et l’intellectuel, leur outil de travail, c’est la parole. »
Justement, cette logique du « tais-toi ou va-t’en », c’est ce qui a fait fuir Haïti à Dany Laferrière et combien d’autres qui ont quitté l’Amérique latine, l’Asie ou l’Afrique pour participer activement à notre vie et notre culture et qui ont maintenant, comme Québécois, Québécoises, tout à fait le droit, comme moi, de chialer sur l’hiver, le centre du deuxième trio du Canadien ou la politique comme ça leur plaît. Et aussi le droit de constater que les temps changent. Qu’avant, les racistes restaient dans leur trou, alors qu’aujourd’hui ils se montrent en pleine lumière.
Kim Thúy a raison : le Québec change, le monde change et pas pour le mieux. Les premiers à en payer le prix seront nos sœurs et nos frères de l’immigration.