Les libéraux de Robert Bourassa, en poste depuis six années, mordent la poussière en ne récoltant que 26 des 110 sièges disponibles à l’Assemblée nationale. Quant à l’Union nationale, qui n’avait aucun représentant en chambre depuis 1973, elle connaît un petit regain en faisant élire onze députés. Le parti de Maurice Duplessis et de Daniel Johnson est maintenant dirigé par Rodrigue Biron.
À Saint-Hyacinthe, le Parti québécois a décidé de présenter Charles-Henri Tremblay contre le député libéral Fernand Cornellier. Son adversaire libéral ne cesse d’appuyer sur le fait que Tremblay est un candidat parachuté et qu’il connaît mal la circonscription. Pourtant, comme presque partout ailleurs en province, la victoire du candidat péquiste sur le candidat libéral semble inévitable. Mais voilà qu’au beau milieu de la campagne électorale, le conseiller municipal Fabien Cordeau s’invite à la fête. Il se présente pour la moribonde Union nationale. Il remporte la victoire par une maigre avance de 48 voix sur le candidat Tremblay.
Fabien Cordeau est né à Saint-Pie le 24 mars 1923. Il est le fils de Donat Cordeau, cultivateur et propriétaire de taxis, et de Rhéa Poirier. Après des études au Séminaire de Saint-Hyacinthe de 1936 à 1939, il suit un cours de perfectionnement en mathématiques et en administration.
Il s’engage dans les Forces armées canadiennes de 1943 à 1945. En 1947, il devient directeur de service à La Survivance, poste qu’il occupe jusqu’en 1976, l’année de son élection comme député. Après la défaite de 1981, il retourne à La Survivance où il demeure jusqu’à sa retraite en 1988. En plus d’avoir été député, il fut également conseiller municipal de 1973 à 1988.
Outre ses occupations politiques, Fabien Cordeau s’implique beaucoup dans sa communauté. Il s’intéresse particulièrement au domaine agricole. Il sera, entre autres, directeur national de l’Association des expositions du Canada, en plus d’être secrétaire-gérant de l’Exposition régionale de Saint-Hyacinthe pendant neuf ans. Il sera également secrétaire de la Société d’agriculture de Saint-Hyacinthe.
Le chef de l’Union nationale confie à Fabien Cordeau le mandat d’être le porte-parole du parti en matière d’affaires municipales et d’environnement. Au sein de l’ancien parti de Maurice Duplessis, les choses se corsent cependant durant l’année 1979. En effet, en octobre, le chef Rodrigue Biron annonce qu’après le référendum de mai 1980, l’Union nationale pourrait céder le pas à un ralliement des forces de droite. Le chef est alors contesté, quitte le bateau en mars 1980 et se joint au Comité du Oui. Alors, l’abbé Michel LeMoignan, député de Gaspé, prend le relais par intérim. C’est la seule fois qu’un prêtre sera chef de parti au Québec.
Lors de la campagne référendaire, au printemps 1980, l’Union nationale fait partie de l’équipe du Non, mais sous la houlette du parti libéral, ce qui déplaît à Cordeau et à d’autres unionistes qui aimeraient proposer une alternative au Non et au Oui.
Durant la campagne électorale de 1981, Fabien Cordeau tient à spécifier que son Non n’était pas une profession de foi au fédéralisme tel qu’on le connaît, mais bien à un fédéralisme renouvelé. L’élection de 1981 aura raison de l’Union nationale, alors dirigée par Roch Lasalle, qui disparaît définitivement. Dans Saint- Hyacinthe, Cordeau termine bon dernier, loin derrière les candidats du Parti québécois et du Parti libéral.
Fabien Cordeau meurt à Saint-Hyacinthe le 27 septembre 2007 à l’âge de 84 ans.
Par Martin Ostiguy, membre du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe