C’est fait, la Ville de Saint- Hyacinthe a adopté lundi soir son règlement qui interdit l’ajout de logements, de commerces et d’institutions à l’intérieur d’une zone de 1,4 kilomètre carré tout autour de l’usine d’épuration, une usine vieillissante, qui tourne à pleine capacité et qui est incapable de gérer ses propres odeurs.
Les Maskoutains ne sont pas au bout de leur peine pour autant. Pour moderniser l’usine et espérer améliorer la situation au niveau des odeurs, il faudra de l’argent, beaucoup d’argent.
Beaucoup plus que les 31,5 M$ que nous pensions devoir y consacrer il y a quelques années à peine ou encore le 50 M$ estimé par la Ville en février 2023. Les dernières estimations font état d’une dépense qui tournerait autour de 110 M$. Cela représente quelque chose comme deux promenades Gérard-Côté refaites au grand complet ou presque trois bibliothèques municipales flambant neuves ou trois tunnels Casavant.
Si la soirée d’information du 10 septembre a permis de répondre aux craintes à l’égard de la santé publique et de l’environnement – qu’on se rassure les odeurs d’œufs pourris qui s’échappent occasionnellement de l’usine ne vont tuer personne –, elle n’a pas permis de rassurer les propriétaires qui sont confrontés aux émanations de sulfure d’hydrogène et leurs odeurs. La Ville n’a pas annoncé de solutions à court ou moyen terme pour les contrôler ou les réduire.
Au mieux, elle s’est engagée à faire des tests annuels, question de suivre la situation de plus près et son évolution. C’est assez mince comme mesure de mitigation et surtout contradictoire comme discours. La Ville assure aux citoyens qu’ils ne courent aucun danger, mais elle impose un gel de construction pour trois ans dans ce secteur, question de ne pas incommoder davantage de citoyens.
À défaut de solutions novatrices et efficaces, on demande en quelque sorte aux citoyens de se boucher le nez à deux mains et de fermer leurs fenêtres.
Le discours municipal n’a aussi que très peu rassuré les Maskoutains qui craignent un choc tarifaire sur leurs futurs comptes de taxes foncières municipales. La taxe d’eau pourrait exploser, à moins que l’on accouche d’un montage financier pour le moins créatif dans les circonstances.
Sur les 31,5 M$ qui semblaient déjà attachés dans le projet initial, la contribution du gouvernement du Québec se limitait à 12,6 M$, ce qui laissait 18,9 M$ à la Ville de Saint-Hyacinthe et à ses autres partenaires qui n’étaient pas identifiés. Faites le calcul maintenant en sachant qu’il faut ajouter 70 M$ sur le tas. Il y a donc quelque chose comme 90 M$ à dénicher, ce qui est l’équivalent de la dette actuelle à l’ensemble!
Même en consacrant à cet unique projet le total du 17,3 M$ qui est attendu d’ici 5 ans dans le cadre du programme de la taxe sur l’essence et de la contribution du Québec, nous sommes très loin du compte.
On nous oblige donc à vivre d’espoir. L’espoir de voir le gouvernement du Québec rehausser de beaucoup son financement, l’espoir, et non la certitude, de voir les odeurs se dissiper une fois les travaux terminés et l’espoir qu’on saura se payer une nouvelle usine sans compromettre la santé financière ni paralyser le développement futur de la municipalité.
Il sera intéressant de voir à quoi ressemblera le prochain plan quinquennal d’investissements de la Ville de Saint-Hyacinthe, car il y a un éléphant dans la pièce dont on ne peut plus faire abstraction. Il est gigantesque, même en croissance. Et il ne sent pas très bon.