« C’est la première fois que j’essayais ça, raconte Maxime de Munck en entrevue avec LE COURRIER. D’habitude, on écrit ensemble [Patrick et moi], mais on est deux adultes qui tripent, alors qu’au bout du compte, c’est un spectacle pour les enfants. Je me suis dit : faisons l’inverse et allons voir les enfants, allons entendre c’est quoi leurs idées à eux et comprendre ce qu’ils veulent voir parce qu’au final, c’est un spectacle pour eux qu’on veut faire. »
En ce sens, des ateliers avec des classes de l’école Roméo-Forbes et de l’école Sacré-Cœur ont été organisés en juin. De là est née la pièce Fulbert à la conquête d’Alizée.
« Je leur ai amené l’univers des chevaliers [comme élément de base] et ce sont eux qui nous ont donné les idées de ce qu’on y trouvait. “Il doit absolument y avoir une fée, il doit y avoir un dragon, le roi doit dire au prince d’aller conquérir une princesse”, nous ont-ils dit. On a pris leurs idées et on est partis avec ça pour l’écriture », affirme l’auteur.
Ces visites en classes ont également permis aux auteurs de capter les expressions à la mode comme « flemme », « quoicoubeh » et « wesh », qui font partie du lexique de cette génération, et de les intégrer à la pièce afin d’interpeller les enfants encore davantage.
Le résultat est une pièce où l’univers médiéval côtoie celui du monde contemporain. Le prince Fulbert, un intellectuel qui adore les livres, devra courtiser la princesse du royaume voisin – Alizée, une influenceuse qui n’en a que pour ses abonnés – afin de sauver son propre royaume. Pour capter son intérêt, il tentera de devenir lui-même influenceur avec l’aide de Big Dragon, qui s’avère toutefois être un influenceur sans scrupule et maléfique.
Dans la suite du projet, une mise en lecture a été présentée à ces deux classes de l’école Roméo-Forbes et de l’école Sacré-Cœur le 1er novembre à la bibliothèque T.-A.-St-Germain. Le même exercice a également été réalisé devant le grand public.
« Une activité comme ça m’aide, en tant que metteur en scène, à voir ce que je devrai changer ou préciser pour être sûr que le message qu’on veut transmettre soit clair. Je ne veux pas faire l’éloge des réseaux sociaux dans le spectacle », mentionne Maxime de Munck, en faisant allusion aux commentaires des jeunes qui ont élu presque unanimement Big Dragon et la princesse Alizée comme étant leurs personnages préférés.
Pour réaliser ce projet d’écriture, le Maskoutain a pu compter notamment sur une bourse de 1800 $ de la part du Conseil de la culture de Saint-Hyacinthe. Puis, pour donner vie à la pièce, il a fait appel aux comédiens Matthew Monty et Justine Tétrault, diplômés de l’École de théâtre du Cégep de Saint-Hyacinthe en 2023 et en 2024 respectivement, qui jouent aux côtés de Patrick Golau.
« Mon but, je le dis toujours, c’est de faire travailler les gens d’ici et travailler à la rétention des artistes dans la région », souligne Maxime de Munck, qui enseigne le théâtre dans la région depuis plusieurs années en plus d’avoir lancé l’école de théâtre L’Aparté à Saint-Hyacinthe avec Les Productions Les 3 Coups.
L’an prochain, la pièce Fulbert à la conquête d’Alizée sera présentée dans une version officielle – avec mise en scène, décor et costumes – du côté de Granby grâce à une collaboration avec le producteur Martin Gougeon, qui est le directeur artistique du Théâtre de l’Ancien Presbytère. Les dates de présentation n’ont pas encore été dévoilées. Reste à voir si des représentations seront également prévues à Saint-Hyacinthe.