L’athlète de 21 ans est le premier à l’avouer : sa carrière sportive a pris un virage inattendu depuis 2021. Mais ce changement de trajectoire lui permettra enfin de pouvoir rivaliser avec les meilleurs patineurs au monde, un groupe auquel il aspire à appartenir dans les prochaines années.
« C’est sûr que ce n’est pas le chemin que j’avais envisagé, mais la vie nous réserve parfois des surprises. Mon objectif était d’arriver aux Coupes du monde et je suis vraiment content de pouvoir y participer. Je regarde vers l’avant », affirme-t-il en entrevue avec LE COURRIER.
Comment cet espoir canadien s’est-il retrouvé à joindre l’équipe nationale de la Pologne? L’histoire est un peu complexe, mais en voici un résumé.
Après avoir connu du succès chez les juniors, notamment en participant aux Jeux olympiques de la jeunesse en 2020, Félix Pigeon croyait en ses chances d’intégrer l’équipe nationale du Canada. En 2021, il en a toutefois été écarté. « J’étais à une position de me classer sur l’équipe », se remémore-t-il.
Face à ce revers, il a pensé qu’il allait se résoudre à accrocher ses patins pour différentes raisons.
« Je ne voyais pas de débouchés, confie-t-il au bout du fil. Il aurait fallu que je retourne dans un club [plutôt que de continuer à m’entraîner au centre national], mais on s’entend que ce n’est pas le même calibre. Je n’aurais jamais pu m’entraîner dans un club local et performer à un haut niveau. »
Au même moment, un patineur français qu’il connaissait – et qui s’entraîne avec la délégation de la Pologne – l’a contacté.
« À la fin de la saison, lorsqu’il a vu que je n’étais pas sur les listes [de l’équipe nationale], il m’a demandé si j’avais arrêté le patin. C’est un peu comme ça que ça a commencé », raconte le Saint-Pien en retraçant son parcours jusqu’à la Pologne.
Peu de temps après, l’entraîneur de l’équipe polonaise l’appelait et l’invitait à venir s’entraîner avec eux.
« Je suis parti sur un coup de tête. Il m’a appelé trois jours avant que leur camp d’entraînement commence. J’ai acheté un billet d’avion et j’ai passé l’été là. Ils étaient contents du calibre que j’avais, donc ils ont fait les démarches pour que je puisse rester avec eux. »
Au départ, Félix voyait cette opportunité comme un tremplin pour revenir plus fort au Canada et espérer se tailler une place avec l’équipe nationale, mais il s’est finalement laissé convaincre de rester en Pologne, satisfait de son expérience là-bas.
« Le fait d’être avec la Pologne, c’est le fun parce qu’ils ont un moins grand bassin de patineurs, donc ça va me donner plus d’opportunités de faire des courses. Je pense que ça va être bénéfique pour mon développement », soutient-il.
En raison des règles de l’Union internationale de patinage (ISU), le patineur n’a toutefois pas pu participer aux compétitions à sa première année avec la Pologne. « Tu ne peux pas juste changer de pays comme ça, tu dois respecter un certain délai [avec ce pays pour le représenter]. Toute l’année passée, j’étais avec la Pologne, mais je ne pouvais pas compétitionner. C’était comme une saison de transition. Mais cette saison, tout est beau et je peux participer aux compétitions. »
À Montréal, il s’agira de sa première compétition internationale avec sa nouvelle délégation – hormis l’épreuve de sélection de la Pologne à laquelle des Français, des Italiens et des Lettons ont également participé.
« Je serai là pour patiner, donc peu importe c’est quoi la combinaison que je porte ou le pays que je représente, je veux donner mon 100 %. Mais je suis fier d’être avec la Pologne », dit-il avec sincérité.
« C’est bien aussi parce que ma famille va pouvoir venir voir la compétition », ajoute-t-il avec un sourire dans la voix.
Ses proches auront d’ailleurs deux occasions de le voir en action plutôt qu’une puisqu’une deuxième épreuve de la Coupe du monde aura lieu à nouveau à Montréal le week-end suivant, du 27 au 29 octobre.
Lors de ces Coupes du monde, Félix aura même l’occasion de raviver une rivalité qu’il a longtemps entretenue chez les juniors avec son ami William Dandjinou, qui fait maintenant partie de l’équipe canadienne. « On a patiné ensemble depuis qu’on a 14 ans », note celui qui a donné ses premiers coups de patin avec le Club de patinage de vitesse de Saint-Hyacinthe.
Au moment de l’entretien, en début de semaine, le Saint-Pien ne savait pas encore sur quelles distances il sera appelé à patiner. « J’ai à peu près le même niveau à toutes les distances, donc peu importe ce sera laquelle, ça ne me dérange pas », indique-t-il. Félix devrait toutefois prendre part au relais puisqu’il s’agit de l’une des raisons pour lesquelles la Pologne a cherché à l’intégrer à son équipe.
« J’ai surtout hâte de voir si je suis de calibre [face aux meilleurs patineurs au monde] », affirme-t-il avec fébrilité.