23 juin 2016 - 00:00
Ferme Gadbois : Ici, on récolte les fruits de l’innovation
Par: Le Courrier


À Saint-Barnabé-Sud, une vingtaine d’hectares se démarquent du paysage. Ils sont consacrés à la production de fraises et de maïs sucré. Pour récolter les fraises — un travail qui doit se faire manuellement et 7 jours sur 7 — entre 50 et 100 cueilleurs temporaires, principalement des étudiants de la région, viennent prêter mainforte à la famille durant l’été.

Les fraises de la Ferme Gadbois se retrouvaient déjà au Marché de Saint-Hyacinthe vers 1940. En 2016, l’entreprise familiale, transmise de père en fils depuis cinq générations, continue d’innover avec l’appui de la relève : la 6e génération.

Véronique est armée d’une technique de production horticole en environnement de l’ITA, spécialisée en fruits et légumes, et Jonathan, d’un diplôme en gestion et exploitation d’entreprise agricole à l’ITA, spécialisation maraîchère, et d’un bac en agroéconomie de l’Université Laval. Leur force commune est qu’ils connaissent bien leur ferme : ils y sont nés, y ont grandi, ont appris de leurs parents, Jocelyn et Guylaine, et ils ont la même vision d’entreprise. Ils apportent non seulement des connaissances sur les techniques de production qui évoluent, mais aussi des idées nouvelles.

Ainsi, en 2013, ils mettent en place l’exploitation de la fraise d’automne et du maïs sucré et s’occupent de leur mise en marché. Ces deux cultures permettent de générer de nouveaux revenus et de prolonger la saison. Les fraises et le maïs sont vendus au détail, directement aux consommateurs (60 % de la production de la Ferme Gadbois), ce qui permet d’offrir, tout l’été, un produit frais, cueilli le jour même.

Techniques et recherches

Chaque année, les Gadbois expérimentent plusieurs variétés de fraises et de maïs sucré, car l’innovation passe aussi, inévitablement et concrètement, par les techniques culturales. Le choix des espèces, l’aménagement des sols, la rotation des cultures, les engrais ou l’irrigation sont pensés dans une vision d’agriculture durable. « Nous ne sommes pas biologiques, explique Jonathan, mais on utilise des méthodes qui favorisent l’environnement. On essaie de faire une agriculture qui est raisonnée. »

L’utilisation de pesticides, de synthèse et biologiques, ne se fait qu’en cas de besoin et non plus préventivement. Le dépistage d’éventuelles infestations remplace l’application systématique d’insecticides, tel que le préconisaient les anciens programmes basés sur les stades de production et non pas sur les seuils de nuisibilité. Pour le maïs sucré, ce sont des insectes, les trichogrammes, qui vont aller parasiter les vers présents dans les épis.

Pour la fertilisation des sols, en complément à l’engrais mis à la volée, il y a la « fertirrigation ». Ce système de goutte-à-goutte permet d’éviter le lessivage de l’engrais et d’économiser l’eau en diminuant considérablement l’évaporation et le ruissellement.

« Nous collaborons aussi à des études menées par différents centres de recherche comme Agriculture Canada et l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA) sur, entre autres, le captage des spores d’un champignon de la fraise, la prévision des rendements de la fraise d’automne et le remplacement d’un insecticide. On contribue ainsi à trouver des solutions qui seront profitables non seulement à notre ferme, mais à toute l’industrie », indique Jonathan Gadbois.

Enfin, on ne peut parler d’innovation sans parler d’informatisation, très présente pour la gestion des récoltes et du personnel. Les Gadbois ont ainsi acquis un programme qui permet de gérer la production en temps réel, avec un suivi direct aux champs et une meilleure traçabilité. Ce genre de système aide grandement au contrôle des stocks et à l’analyse de rendement.

« Notre processus pour innover est d’y aller tranquillement, acquérir de l’expérience, avoir des appuis et être bien entourés, car avant de parler d’innovation, il faut avoir les idées et bien connaître la réalité dans laquelle on veut les implanter », mentionnent-ils.

Guylaine, Jocelyn, Jonathan et Véronique Gadbois, de la Ferme Gadbois à Saint-Barnabé-Sud.Photo François Larivière | Le Courrier ©

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