Son bail se terminera en avril 2024, mais il a préféré quitter à la fin de la saison estivale. Le bâtiment sera démoli en 2024, au coût de 325 000 $, afin d’y aménager un stationnement de 17 cases destiné à la clientèle de la bibliothèque T.-A.-St-Germain. Au printemps 2022, la Ville de Saint-Hyacinthe a acheté le bâtiment qui était loué par le restaurateur. La transaction s’est élevée à 315 000 $.
M. Besson a renoncé à déménager son commerce. Ayant déjà quelques expériences dans la restauration, il sait qu’un déménagement coûterait des centaines de milliers de dollars. Ayant peine à rembourser le prêt d’urgence pour les entreprises qu’il a contracté en crise sanitaire, et dont l’échéance arrive le 18 janvier 2024, un déménagement n’était pas envisageable.
« Ce que je vis, c’est très difficile. J’ai 60 000 $ à rembourser et je n’ai plus d’activités professionnelles. En m’installant à cet endroit, mon intention était de pérenniser mon commerce, mais je n’ai pas pu voir ce que cette place valait », déplore l’homme âgé de 61 ans.
Un départ sous tension
Selon M. Besson, la Ville de Saint- Hyacinthe a agi de façon cavalière, « peu élégante ». Il avait remis 5000 $ en garantie à l’ancien propriétaire en 2019 pour l’emprunt de l’ameublement dans le restaurant. Ce montant n’a pas été considéré dans l’acte de vente lors de la cession de l’immeuble, reconnaît-on à la Ville. Cette dernière a donc recommandé au restaurateur de réclamer cette somme à l’ancien propriétaire.
« Je ne compte pas mettre ce 5000 $ dans mes poches. C’est pour payer les derniers fournisseurs qu’il me reste à payer », ajoute M. Besson.
La directrice des communications de la Ville de Saint-Hyacinthe, Lyne Arcand, précise que le locataire avait plusieurs loyers en arrérages, excédant le montant du dépôt. Les deux parties ont accepté de résilier le bail avant son terme, mais en signant ce document, toutes les sommes dues étaient annulées, incluant la caution.
« On m’a dit que je pouvais partir quand je voulais. C’est un endroit qui fonctionne l’été. Je suis donc parti à la fin de l’été. C’est du chantage », estime tout simplement M. Besson.
Des années difficiles
Hippi Poutine a ouvert ses portes en août 2019. Alors que le restaurateur comptait sur l’été suivant pour se faire connaître, il s’est buté à la pandémie et aux mesures sanitaires. Pendant deux ans, il a attendu une relance à l’été 2022, mais voilà que la Ville a annoncé qu’il devait partir.
« Personne n’est venu me voir après l’annonce. Il y avait une indifférence totale au centre-ville. En plus, c’est pour faire un stationnement. Ça n’a aucun sens. Le centre-ville de Saint-Hyacinthe est cliniquement mort », estime-t-il.
Dans le Programme triennal d’immobilisations, la Ville a réservé quelques sommes au fil des années pour « l’aménagement conceptuel » d’un stationnement écologique à cet endroit. Le total de ce projet, excluant la démolition, s’élève à 330 000 $.