Les paroissiens l’ont appris ce lundi lors d’une séance d’information où plus d’une centaine de fidèles étaient venus entendre la triste nouvelle, qui n’était cependant pas une surprise.
Le président de l’assemblée de fabrique, Robert Charbonneau, a réitéré les raisons poussant la paroisse à se départir de l’église, à commencer par la baisse de fréquentation, le piètre état du bâtiment, la proximité avec l’église Notre-Dame-du-Très-Saint-Sacrement et les coûts d’entretien élevés pour la garder ouverte.
Le constat est le même qu’en juin dernier : l’offre de la Commission scolaire de Saint-Hyacinthe (CSSH) est la solution la plus rationnelle à accepter, a expliqué Robert Charbonneau. « C’est le premier projet viable qu’on a reçu », a-t-il affirmé, précisant que huit autres avaient été envisagés auparavant. La conversion du bâtiment aurait certes été plus facile à accepter pour les paroissiens, mais les coûts pour le faire s’avéraient prohibitifs pour d’éventuels promoteurs, a-t-il témoigné.
La CSSH y aménagera donc un parc adapté pour les élèves de l’école René-Saint-Pierre et pour les résidents du quartier après que l’église et le presbytère aient été rasés. La promesse d’achat de 350 000 $ devrait se concrétiser au début du mois de septembre et la commission scolaire assumera les frais de démolition, estimés à 150 000 $. Robert Charbonneau a répété que la vocation communautaire qu’aura le terrain a été un facteur primordial dans la décision de vendre à la CSSH.
Sauvegarder la mémoire de l’église… et du collège
Le président de l’assemblée de fabrique a assuré que la quarantaine de grands arbres présents sur le terrain seront sauvegardés et qu’un lieu de mémoire sera aménagé pour évoquer la présence de l’église, mais aussi du Collège Sacré-Cœur, à cet endroit. Ce pourrait être une plaque commémorative ou un monument, a-t-il évoqué. Une paroissienne a conseillé d’utiliser le Sacré-Cœur de Jésus, façonné dans la pierre au-dessus de la porte principale, pour ce lieu de mémoire.
Plusieurs autres fidèles ont partagé leur attachement émotif envers l’église, mais certains ont été plus virulents envers les autorités religieuses, les accusant d’avoir fait preuve de « grave négligence » en laissant sciemment « mourir l’église pendant 20 ans » pour la présenter aujourd’hui comme « à moitié prête à démolir ». À ces accusations, le chanoine Gaston Giguère a rétorqué que c’est par manque d’argent, et non par choix, que le bâtiment s’est détérioré. Il faut commencer par payer les factures courantes avant d’investir dans une restauration, a-t-il laissé entendre avec pragmatisme.
Consultés et informés
Un sentiment d’avoir été mis devant le fait accompli a aussi gagné plusieurs fidèles.
« Nous aurions aimé une soirée de consultation, pas d’information. La décision nous a échappé des mains. Pourtant, l’église ne vous appartient pas, elle appartient à toute la paroisse », a lancé un fidèle, réclamant du même coup un moratoire sur la vente. Le manque de dynamisme et d’initiative de la part des responsables des dernières années aura précipité la chute de l’église, a-t-il soutenu.
Une marguillère s’est ensuite levée pour indiquer qu’au contraire, des consultations avaient bel et bien eu lieu, mais que la participation avait été plus que décevante, tout comme aux élections du conseil de fabrique. Faire porter le blâme aux responsables religieux est tout simplement « injuste », a-t-elle soutenu.
Continuant en ce sens, le chanoine Giguère a mis le doigt sur le vrai problème selon lui : le désintéressement de la population envers la pratique religieuse et l’absence de véritable relève pour le futur, une situation généralisée et non pas proprement maskoutaine, a-t-il expliqué.
L’absence de représentant de la commission scolaire ou de la Ville, qui sont pourtant porteurs du projet, a aussi été soulevée avec agacement par un paroissien.
Après une heure de discussion, le président du conseil de fabrique a donné une dernière chance aux participants de s’exprimer. Constatant le silence, il a lancé – tel un crieur d’encan – « un, deux, trois… vendu », scellant ainsi la fin de la soirée en même temps que le sort de la bâtisse.
Après l’ultime messe du 7 septembre, la prochaine étape sera vraisemblablement de vider les lieux. L’orgue sera démonté pour être déplacé à quelques rues de là, à l’église Notre-Dame-du-Très-Saint-Sacrement. Les cloches, déjà vendues, seront livrées, et la panoplie d’effets religieux sera expédiée à des paroisses qui en ont plus besoin, notamment en Haïti et au Sénégal, a informé Robert Charbonneau. Un premier chargement a d’ailleurs déjà pris le large vers les Caraïbes. D’autres biens pourront être vendus, mais en aucun cas des objets sacrés, a-t-il assuré.
Pour la suite, une demande de permis de démolition a déjà été soumise à la Ville en août et le comité de démolition devra se pencher sur ce cas.