Ce n’est pas la première fois que La Marraine perd ses permis de danse et de spectacles avec nudité alors qu’ils avaient été suspendus pendant trois mois en 2002 à cause de « gestes ou actes à caractère sexuel ». Il semble que la situation soit restée problématique puisque des agents d’infiltration – des policiers en civil – ont constaté à plusieurs reprises que des clients du bar se faisaient offrir plus que des danses à 20 $ : il était possible d’obtenir une fellation (de 60 à 80 $) ou une relation complète (de 100 à 120 $) et les danseuses offraient ouvertement ces services selon les témoignages de quatre agents. Un témoignage d’une des danseuses indiquait qu’elle faisait en moyenne 500 $ de profit par semaine, après avoir redonné 50 $ à la propriétaire chaque soir où elle travaillait dans son établissement.
La propriétaire du bar, Lily Bouthillette, a nié être au courant de telles pratiques, assurant qu’« aucun acte sexuel n’[était] toléré » dans son établissement et qu’elle n’avait jamais entendu les danseuses offrir des services sexuels ni des clients en faire mention, même si ses affirmations ont été contredites par les policiers qui assurent avoir entendu des commentaires explicites en sa présence. Le tribunal a tranché que la version de Mme Bouthillette était « peu crédible », d’autant plus qu’elle loge dans la même bâtisse que le bar, ce qui fait qu’elle était presque toujours sur les lieux, et qu’elle est propriétaire de l’établissement depuis 1995. « Dans le cas présent, on pourrait simplement prétendre qu’elle ne possède pas la compétence pour exploiter des autorisations de ce type ou que, dans le meilleur des scénarios, elle a fait preuve d’aveuglement volontaire », peut-on lire dans le jugement rendu le 2 mai 2018.
La RACJ a donc décidé de révoquer le permis de Mme Bouthillette de tenir des spectacles avec nudité dans son établissement, mais aussi de suspendre pour une période de 15 jours ses permis de bar. La sanction s’explique par le fait que « la problématique concerne principalement la prostitution » au bar La Marraine.
Il est mentionné dans le jugement que « la Régie va donner une dernière chance à la titulaire de redresser la situation ». On peut supposer que le bar La Marraine sera surveillé de près dans les prochains mois et les prochaines années.
Le maire de la municipalité, Stéphane Bernier, n’a pas tenu à commenter les sanctions faites au bar.