14 juillet 2016 - 00:00
Flushgate, prise 3
Par: Martin Bourassa

Nous ne pensions pas revenir sur le sujet si tôt, mais comme la Ville de Saint-Hyacinthe semble prendre un malin plaisir à mal paraître, aussi bien écrire tout de suite tout le mal que nous pensons de sa plus récente tentative pour redorer son image entachée par le flushgate maskoutain et de « ses chantiers ».

Mardi, le maire Claude Corbeil avait convié les médias au suivi de la catastrophe écologique qui a causé la mort massive de poissons dans la rivière Yamaska. Pour la seconde fois en 12 jours, il a changé la version municipale des faits!

Si l’on se fie aux trois communiqués de presse émis par la Ville sur cette affaire, nous sommes passés d’une mortalité de poissons provoquée par « des causes multiples (…) et des facteurs naturels » le 1er juillet, à des travaux impliquant une « surverse [mal] planifiée d’eaux usées dans la rivière Yamaska » le 4 juillet, pour finalement conclure à « un bris majeur d’équipement » le 12 juillet. Bref, notre maire a raconté un peu n’importe quoi à la presse locale et nationale la semaine dernière au moment de faire son mea culpa. Dans sa plus récente version des faits, il prétend maintenant que si tout avait fonctionné comme prévu le 28 juin, il n’y aurait pas eu, ou si peu, de surverse, soit de rejets d’eaux usées dans la Yamaska. C’est plutôt le simple bris imprévisible d’un appareil qui a provoqué le rejet de 8,5 millions de litres d’eaux usées à la rivière pendant environ huit heures. Dans le communiqué du 12 juillet, on peut lire qu’avant d’effectuer l’arrêt de l’usine, la situation hydrique [de la Yamaska] n’a pas été réévaluée malgré le niveau et le débit exceptionnellement bas de la rivière.

« Il s’agit d’une faille déterminante dans le processus de décision », écrit-on gravement. Mais dans la mesure où les travaux planifiés ne devaient pas entraîner de rejets dans la rivière, on comprend mal pourquoi quelqu’un aurait dû se soucier de l’état de la rivière à ce moment. C’est étrange. Presque autant que le passage du communiqué dans lequel il est fait mention de la qualité de l’eau. La Ville précise à ce sujet que des tests effectués par « un laboratoire externe accrédité » révèlent que « la qualité de l’eau brute à l’entée de l’usine de filtration est très bonne même à cette période plus sensible de l’année ». En ce qui nous concerne, ce n’est pas tant la qualité de l’eau à l’entrée de l’usine qui nous inquiète que la qualité de l’eau de la Yamaka à quelques kilomètres de la sortie de l’usine, après le passage de 8,5 millions de litres d’eaux usées dans une rivière à sec. Mais se voulant rassurant quant à la suite des choses, le maire a annoncé la mise en place de deux chantiers. Dans un premier temps, il a confié à l’Organisme de bassin versant de la Yamaska, « un organisme neutre » précise-t-on, le mandat de réaliser une étude d’impact du déversement et de proposer des mesures réparatrices pour l’écosystème. Nous ne sommes pas des experts dans ce domaine, mais question d’épargner à tout le monde du temps et de l’argent, nous suggérons vivement à la Ville d’investir dans l’aménagement de frayères et dans l’ensemencement de poissons.

Le second chantier se penchera sur les circonstances à l’origine du déversement et la cascade d’événements qui a suivi. On examinera les procédures et la gouvernance.

Le comité responsable de ce chantier n’a pourtant rien d’externe, de neutre ou d’indépendant, ce qui est sa grande faiblesse à notre avis. Il est formé du maire, de la direction générale, du directeur du Génie et des cadres concernés. C’est à se demander si tout ce beau monde ne cherchera pas davantage à préserver leur égo et leur réputation, à commencer par ceux de notre responsable des eaux et de la biométhanisation, qu’à trouver des moyens d’éviter pareil dérapage à l’avenir.

Enfin, on devrait avoir le bilan complet de ces deux chantiers, et qui sait peut-être une quatrième explication d’ici la fin du mois de septembre a promis M. Corbeil, question de tourner le fer dans la plaie encore un peu. Faut être un peu maso, non?

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