Ce n’est pas moi qui ai prononcé ces paroles que j’endosse pleinement, mais Karine Guilbault, directrice générale de Saint-Hyacinthe Technopole, dans le texte qu’elle signait dans le cahier spécial Acheter local, c’est fondamental! publié la semaine dernière dans LE COURRIER.
Chiffres à l’appui, elle en ajoutait même une couche afin d’appuyer son propos. « Récemment, des données indiquaient que si chaque Canadien achetait mensuellement 25 $ de produits canadiens, l’impact positif sur le produit intérieur brut du Canada se chiffrerait à 0,7 %. La réalité est que tous les petits gestes répétitifs comptent. Si tout le monde collabore, les effets seront assurément positifs dans toutes les régions, y compris la nôtre. »
Oui, tous les petits gestes répétitifs comptent, même si, à petite échelle, ils ont l’air d’une simple goutte d’eau insignifiante. C’est pourtant en accumulant les gouttes d’eau qu’on peut alimenter des ruisseaux, des fleuves et des océans.
Ce long préambule m’amène à Amazon. L’heureux hasard a voulu que la sortie de ce cahier publicitaire consacré à l’achat local coïncide avec la publication d’un reportage sur les dépenses en ligne effectuées sur la plateforme américaine Amazon par les institutions publiques maskoutaines l’an dernier.
Pour certains, apprendre que la Ville de Saint-Hyacinthe a effectué 132 achats sur Amazon pour un montant de 11 504 $ représente une goutte d’eau sur un budget de 144,3 M$. Mais en ajoutant les montants dépensés par la MRC des Maskoutains, le Cégep de Saint-Hyacinthe et surtout le Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe (CSSSH), on arrive à quelque chose qui ressemble drôlement à une rivière. Ces dépenses regroupées ont atteint plus de 385 000 $ à Saint- Hyacinthe en 2024. C’est autant d’argent qui n’a pas atterri dans les caisses enregistreuses des commerçants des Galeries, du secteur nord ou du centre-ville.
Dépenser sur Amazon est un geste devenu machinal dans les départements de technologies de l’information. En quelques clics, l’acheteur épargne du temps et économise parfois quelques dollars. Mais à quel prix et au profit de qui? Des décideurs ne se posent pas trop de questions.
Champion toutes catégories des dépenses sur Amazon dans la région avec des achats de matériel électronique et de produits de bureau qui ont atteint 307 000 $ l’an dernier, notre centre de services scolaire ne s’en formalise même pas. Il suit la parade. « Le CSSSH ne fait pas exception aux pratiques de la majorité des organisations scolaires qui se sont tournées vers cette plateforme pour réaliser des économies substantielles sur certains articles », a commenté le directeur général Jean-Pierre Bédard dans nos pages.
J’aurais de loin préféré apprendre que notre CSSSH faisait figure d’exception dans son domaine en prônant l’achat local. Parlant d’exception, ne cherchez pas la publicité de l’association des marchands du centre-ville de Saint-Hyacinthe dans notre cahier sur l’achat local, même si les Galeries St-Hyacinthe et la Chambre de commerce de la grande région de Saint-Hyacinthe s’y trouvent afin de promouvoir ce concept qui profite directement à leurs membres. La SDC centre-ville se sert plutôt des cotisations de ses membres pour commanditer des publications sur Facebook et promouvoir l’attrait du centre-ville sur les panneaux lumineux de Pattison au lieu de soutenir une initiative porteuse de l’un de ses principaux membres en règle.
Il est assez aberrant, pour ne pas dire révoltant, de voir la SDC centre-ville faire de la publicité sponsorisée sur Facebook, une plateforme américaine, après avoir levé le nez sur un produit local faisant la promotion de l’achat chez nous.
Avez-vous déjà vu des employés de Facebook faire des emplettes chez Amandine, Strauss ou Les Passions de Manon? Un coup de barre s’impose à la SDC centre-ville. C’est aussi urgent et fondamental que l’achat local.
