16 mars 2023 - 07:00
Fractures numériques, exclusion sociale et accès aux services
Par: Le Courrier
Au cours des dernières années, avoir accès à Internet est devenu à la fois essentiel et de plus en plus incontournable. Nous en avons besoin pour travailler, nous informer, magasiner, obtenir des services ou rester en contact avec nos proches. D’ailleurs, l’omniprésence d’Internet et du numérique a changé drastiquement notre mode de vie, forçant nos relations interpersonnelles à prendre un « virage numérique ».

Ce virage entraîne la « dématérialisation » des services. Pour avoir accès aux services, il faut aller sur Internet. On fait non seulement disparaître ce qui est matériel, comme le papier, mais aussi les accueils physiques. Même les services téléphoniques nous renvoient vers des robots. Cela rend l’utilisation d’Internet et des outils numériques indispensables.

En bref, le virage numérique, c’est plus de machines et moins d’humains.

Cette tendance menace de creuser les inégalités entre les personnes qui ont facilement accès au Web et celles qui y ont plus difficilement accès. C’est ce qu’on appelle « la fracture numérique ». Après tout, il ne suffit pas d’avoir accès aux outils numériques, il faut aussi avoir un certain niveau de littératie numérique pour pouvoir les utiliser.

La littératie numérique, c’est la capacité de comprendre et d’utiliser l’information au moyen des technologies. Elle permet aux individus de participer à une société qui utilise les technologies de communication numérique dans tous les domaines d’activités.

Puisqu’il existe un lien fort entre les usages du numérique et différents facteurs comme l’âge, le niveau de littératie et le statut socioéconomique (emploi, ressources financières, niveau d’éducation et de littératie, etc.), le virage numérique pénalise fortement les personnes vulnérables. Les personnes peu alphabétisées, les personnes en situation de pauvreté et les personnes en situation de handicap sont les premières à subir les contrecoups négatifs de ce virage. C’est ce qu’on appelle « l’exclusion numérique ».

L’exclusion numérique est le lot quotidien de nos participant(e)s à l’Aide pédagogique aux adultes et aux jeunes (APAJ), car ils sont peu alphabétisés.

Étant membres du Regroupement des groupes populaires en alphabétisation du Québec (RGPAQ), nous sommes aux premières loges pour voir les conséquences dramatiques sur les personnes qui vivent de l’exclusion numérique. Elles ont de plus en plus de difficulté à obtenir les services dont elles ont besoin. En excluant les personnes les plus vulnérables de la société, le virage numérique les prive de leurs droits fondamentaux. Certaines personnes ne demandent pas les services auxquels elles ont droit par manque d’information, mais aussi parce qu’elles ont trop de difficulté à faire leurs demandes en ligne.

Avec la septième Semaine de l’alphabétisation populaire qui approche à grands pas, du 3 au 7 avril, nous croyons fermement qu’il est urgent que les différents paliers gouvernementaux, ainsi que les entreprises qui fournissent des services, trouvent des solutions pour ne laisser personne de côté. Il est impératif de s’assurer que les personnes qui vivent de l’exclusion sociale et numérique puissent continuer de participer à la société, tout en garantissant l’accès à de l’aide pour accéder aux services, et ce, dans un langage clair et simple avec une approche humaine et respectueuse.

Dans le but de sensibiliser nos élus aux inégalités provoquées par le virage numérique, APAJ, en collaboration avec la peintre Nancy Martin, vous invite à un vernissage sur le thème de la fracture numérique.

L’activité aura lieu le 5 avril, de 17 h à 19 h, au 1855, rue des Cascades à Saint-Hyacinthe. L’exposition restera en place jusqu’au 30 avril. Nous vous attendons bien sûr en grand nombre, car c’est ensemble que nous ferons bouger les choses pour que les personnes les plus vulnérables de notre société aient accès à des services humains.

Isabelle Giguère, coordonnatrice à l’Aide pédagogique aux adultes et aux jeunes

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