Si, au début, le ministère public demandait que les deux peines pour meurtre au premier degré soient purgées de façon consécutive (ce qui se traduit par une peine de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 50 ans), il a fait volte-face quelques mois plus tard, demandant maintenant la même peine que la défense au nom de l’harmonisation des peines avec celle du complice. Le juge Royer a tout de même tenu à pousser sa réflexion jusqu’au bout avant de rendre son verdict.
Malgré le fait que Yergeau a « commis le pire crime connu en droit canadien […] deux fois en quelques heures » et qu’il a enlevé deux vies « dans le cadre d’un stratagème qui n’avait pas la moindre chance de fonctionner », le juge Royer a considéré que la « période d’inadmissibilité de 50 ans avant la libération conditionnelle serait cruelle et inusitée ».
Lors de l’audience précédente, fin avril, le juge Royer s’était intéressé à la décision rendue par le juge François Huot dans l’affaire Alexandre Bissonnette (l’auteur de la tuerie de la mosquée de Québec) et s’était questionné sur la possibilité de donner une peine entre 25 et 50 ans. Or, même s’il a affirmé qu’une peine « avoisinant les 30 ans » aurait était appropriée vu les crimes commis par Francis Yergeau, il a reconnu que « le libellé de l’article 745.51 du Code criminel, tel que rédigé par le législateur, ne le permet pas ». Il a aussi conclu que tout délai d’inadmissibilité dépassant les 25 ans pourrait avoir une « portée excessive » et constituerait un traitement cruel et inusité.
C’est pourquoi Francis Yergeau est condamné à l’emprisonnement à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans à compter de son arrestation, le 18 mai 2016. Il a aussi été ordonné que des échantillons de substances corporelles soient prélevés de Yergeau, qui n’aura pas le droit d’être en possession d’armes prohibées jusqu’à la fin de ses jours ni d’armes non prohibées pendant une durée de 10 ans après sa libération. À la fin de la lecture du verdict, le procureur Me Pierre Goulet a salué « la sagesse de [la] décision » du juge.
Comme c’est souvent le cas dans des affaires de meurtres au premier degré, Yergeau et de Leto font tous deux appel du verdict.