Ambitieuse cette politique? Les qualificatifs insensée ou loufoque seraient plus appropriés pour la décrire. Dans son communiqué présentant sa nouvelle politique régionale, la MRC reconnaît d’emblée que la vision autour de laquelle s’articule sa politique est « ambitieuse ». Mais ambitieuse comment demandez-vous?
« D’ici vingt ans, la MRC des Maskoutains offrira à tous ses ménages un accès à un logement de qualité, abordable et adapté, dans des milieux de vie durables, inclusifs et attrayants. Grâce à une planification intégrée et innovante, la région proposera une diversité d’habitations favorisant la mixité sociale et générationnelle. Un partenariat fort entre les acteurs municipaux, communautaires et privés aura permis de renforcer l’offre en logements tout en soutenant la densification harmonieuse et la revitalisation des milieux urbains et villageois. »
Il n’y a pas de place au conditionnel, au peut-être ou à la nuance. C’est un engagement ferme, une promesse. Si on prend cette formulation au pied de la lettre, d’ici 20 ans, tous ceux et celles qui n’ont pas accès à un logement de qualité abordable seront en droit d’exiger des comptes à la MRC et à son conseil des maires et mairesses. Ne rangez pas trop loin vos chaises de parterre des Beaux Mardis de Casimir, il risque d’y avoir pas mal de monde à la porte de la MRC pour réclamer leur dû!
Une « planification intégrée et innovante, un partenariat fort entre les acteurs municipaux, communautaires et privés, une densification harmonieuse », voilà un beau ramassis de fantasmes qui se heurteront vite au test de la vraie vie.
Car dans la vraie vie, nos administrations se démarquent rarement par leur planification innovante; les partenariats entre les municipalités, les promoteurs privés et surtout le milieu communautaire sont l’exception. Et que dire des partenariats entre les municipalités en matière de construction, que ce soit de logements sociaux, d’écoles ou de centres sportifs. Chaque municipalité préfère gérer les choses à sa manière. Si mon usine d’épuration ne suffit plus à la demande, aucun problème, je débrancherai mon voisin. Vive la non-concertation!
Quant à la densification harmonieuse, ou intelligente comme le souhaite la Ville de Saint-Hyacinthe avec son nouveau plan d’urbanisme, on peut rêver. Dans la vraie vie, la densification montre rapidement ses limites, car personne n’en veut.
Dieu merci, le préfet de la MRC, Simon Giard, évoque un souhait plutôt qu’une promesse quand il parle de la nouvelle Politique régionale en habitation. « Le conseil de la MRC souhaite qu’elle soit l’élément fédérateur d’une nouvelle dynamique reposant sur l’implication accrue de la MRC et des municipalités, en collaboration avec les intervenants du milieu, dans une stratégie d’habitation qui permettra non seulement de sortir de la crise du logement, mais aussi de devenir un facteur attractif pour la région. »
Est-ce que cette stratégie peut réellement contribuer à fédérer tous les acteurs et générer une implication accrue de la MRC sur le terrain? Pour cela, il y a d’abord un immense travail à faire à la table de la MRC. Nos maires peinent déjà à s’entendre quand il est question d’équipements supralocaux. Et ils n’ont pas l’habitude de s’impliquer financièrement dans des projets communs d’envergure, hormis s’assurer qu’il y ait de l’équité dans le partage des investissements reliés aux différents fonds d’investissements que chapeaute la MRC.
Des investissements dispersés et disparates qui servent bien souvent à construire un terrain de volleyball ici, une aire de repos pour aînés là, une patinoire de dek hockey là-bas. Ce n’est pas avec des aires de repos et des terrains de pétanque qu’on résoudra la crise du logement.
On s’en reparle.. dans 20 ans!


