11 janvier 2024 - 03:00
Gaétan Girouard : l’onde de choc revisitée
Par: Maxime Prévost Durand
La famille de Gaétan Girouard (au centre) a participé au documentaire Gaétan Girouard : onde de choc, animé par Jean-Philippe Dion (à gauche) et réalisé par Maude Sabbagh (à droite). Photo gracieuseté

La famille de Gaétan Girouard (au centre) a participé au documentaire Gaétan Girouard : onde de choc, animé par Jean-Philippe Dion (à gauche) et réalisé par Maude Sabbagh (à droite). Photo gracieuseté

La mort tragique du journaliste maskoutain Gaétan Girouard, qui s’est enlevé la vie le 14 janvier 1999, avait secoué le Québec tout entier. Elle avait aussi soulevé plusieurs questions. Le documentaire Gaétan Girouard : onde de choc, qui sera diffusé ce soir à 21 h à TVA, revient sur ce triste épisode survenu il y a 25 ans tout en rendant hommage à l’homme qu’il était.

« Le but n’était surtout pas de trouver des coupables, mais plutôt de comprendre, en parlant avec la famille, les amis et les collègues de travail, qu’est-ce qui aurait pu être fait pour l’aider », soutient Jean-Philippe Dion, qui a piloté avec sensibilité ce documentaire qui aborde la question de la santé mentale chez les hommes, la prévention du suicide et l’anxiété de performance.

D’une durée d’une heure, Onde de choc retrace notamment la carrière professionnelle de Gaétan Girouard sans toutefois s’attarder à son enfance et son adolescence vécues à Saint-Hyacinthe.

Adulé et respecté, Gaétan Girouard semblait au sommet de son art dans les années 1990. Il était devenu l’un des journalistes vedettes de TVA. En prenant la barre de l’émission J.E. avec Jocelyne Cazin, sa popularité avait explosé. Son audace et son charisme faisaient de lui une personnalité à laquelle les gens se sont attachés, comme en fait foi le trophée MetroStar du meilleur animateur d’émission d’affaires publiques qu’il avait remporté en 1998. Quelques mois plus tard, il mettait fin à ses jours dans la consternation la plus totale.

Malgré sa prestance et l’assurance qu’il dégageait, on apprend dans le documentaire que le Maskoutain à la stature imposante était rongé par l’insécurité et qu’il traînait une détresse camouflée depuis de nombreuses années.

Lors de ses funérailles, Gaétan Girouard avait d’ailleurs été décrit comme « un géant aux pieds d’argile », rappelle Jocelyne Cazin dans le documentaire. Des mots qui ne pouvaient mieux le représenter.

Quelques jours avant de commettre l’irréparable, Gaétan Girouard avait été diagnostiqué d’une dépression majeure par un médecin. Il avait toutefois caché cette consultation médicale à sa conjointe, Nathalie Préfontaine, afin de ne rien laisser paraître.

« Son image était impeccable, donc personne ne pouvait se douter qu’il avait ces ennuis-là, mentionne Jean-Philippe Dion. Pour lui, c’était extrêmement important de ne pas montrer qu’il n’allait pas bien. Le peu de personnes à qui il disait qu’il n’allait pas bien, il leur disait qu’il ne fallait pas que ça se sache. »

Avec le documentaire, l’animateur voulait faire ressortir l’importance de communiquer avec la famille ou les amis lorsque l’on sent qu’une personne qui nous entoure ne va pas bien.

« Quand on fait l’addition de ce que chacun savait, on se rend compte qu’il y avait beaucoup de signaux d’alarme, ajoute-t-il. On voulait montrer aux gens que c’est important, en santé mentale, de parler. »

La médiatisation de la mort de Gaétan Girouard avait entraîné une vague de suicides sans précédent au Québec. Des gens en détresse avaient même été retrouvés sans vie avec, tout près, des découpures de journaux parlant du drame ou une photo du journaliste vedette. À un tel point que le coroner en chef du Québec avait dû intervenir auprès des médias.

« En 1999, ça a été l’année avec le plus haut taux de suicide au Québec, note Jean-Philippe Dion. […] Dans certains journaux, on a parlé de la méthode qu’il avait utilisée [pour mettre fin à ses jours]. Il y a beaucoup de détails qui étaient allés trop loin et la couverture médiatique avait continué pendant des mois [après sa mort] », souligne Jean-Philippe Dion.

Dans le documentaire, on parle même d’un « avant » et d’un « après » Gaétan Girouard en ce qui a trait à la manière dont les médias traitent les suicides et la façon dont les enjeux de santé mentale sont abordés dans la société.

« On parle de plus en plus de santé mentale maintenant, mais à l’époque, très peu de gens parlaient des problèmes qu’ils avaient », souligne l’animateur.

La conjointe de Gaétan Girouard, Nathalie Préfontaine, ainsi que leurs filles Marie-Claude et Justine, qui n’étaient âgées que de 6 et 8 ans au moment du drame, participent notamment à ce documentaire, tout comme la sœur du Maskoutain, Christine Girouard. Son meilleur ami, Gilles Dion, revient aussi avec émotion sur la vie et la fin tragique de celui qu’il a connu à la radio CHEF de Granby, où Gaétan Girouard avait commencé sa carrière professionnelle.

En plus de sa diffusion sur les ondes de TVA ce soir à 21 h, Gaétan Girouard : onde de choc sera rediffusé à LCN le 19 janvier à 20 h.

image

Une meilleure expérience est disponible

Nous avons détecté que vous consultez le site directement depuis Safari. Pour une meilleure expérience et pour rester informé en recevant des alertes, créez une application Web en suivant les instructions.

Instruction Image