11 août 2022 - 07:00
Pour éviter des accidents mortels
Gare aux angles morts des véhicules lourds
Par: Adaée Beaulieu
Le véhicule lourd servant pour la démonstration à l’Exposition agricole entouré des tapis indiquant les angles morts et les zones les plus à risque. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Le véhicule lourd servant pour la démonstration à l’Exposition agricole entouré des tapis indiquant les angles morts et les zones les plus à risque. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Marie-Josée Michaud avec en arrière-plan les deux miroirs non obligatoires. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Marie-Josée Michaud avec en arrière-plan les deux miroirs non obligatoires. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Alors qu’une piétonne de 65 ans a perdu la vie à la suite d’une collision avec un camion à benne basculante le 21 juillet au centre-ville de Saint-Hyacinthe, l’activité de sensibilisation sur les angles morts des véhicules lourds, qui était offerte par les contrôleurs routiers de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) à l’Exposition agricole, tombait à point.

Marie-Josée Michaud, agente aux relations publiques pour Contrôle routier Québec, une agence autonome chapeautée par la SAAQ, indique que 62 % des Québécois ne savent pas où se trouvent les angles morts des véhicules lourds. La campagne de sensibilisation auprès des piétons, dont le projet pilote a été mis sur pied en 2013 et son lancement effectué en 2015, découle d’une recommandation faite par le coroner Luc Malouin. Celui-ci a produit en 2010 un rapport après que quatre piétons ont péri pendant des opérations de déneigement à Montréal à l’hiver 2008-2009.

Le projet consiste à installer tout autour d’un véhicule lourd des tapis rouges démontrant l’ampleur de la surface couverte par les angles morts, soit au minimum trois mètres de chaque côté du véhicule. Les tapis ont été conçus selon les dimensions d’un camion à benne basculante comme celui ayant coûté la vie à la Maskoutaine Louise Chauvette dernièrement. Dans ce cas précis, le rapport du coroner est encore attendu, mais il se pourrait que la piétonne se trouvait dans une des zones les plus à risque indiquées par des pointillés sur les tapis. Il s’agit de l’avant du véhicule, lorsqu’une personne décide de traverser la rue devant le véhicule, et l’angle mort à droite du véhicule quand le camion tourne de ce côté et que le piéton veut également franchir la rue dans laquelle le véhicule s’engage.

Le bilan routier 2021 révèle d’ailleurs que 54 % des accidents impliquant des piétons et 63 % de ceux impliquant des cyclistes se sont produits à des intersections. Les véhicules lourds sont impliqués dans 23 % des collisions avec des piétons et 28 % de celles avec des cyclistes. Les piétons de 16 à 24 ans et de 75 ans et plus sont les plus à risque d’être impliqués dans des accidents de la route ainsi que les cyclistes de 10 à 15 ans et de 16 à 24 ans.

Des miroirs non obligatoires

La pierre d’achoppement dans le dossier spécifique des collisions avec des véhicules lourds est celle des miroirs additionnels non obligatoires sur les véhicules lourds, soit le convexe situé en bas de chacun des miroirs latéraux, qui réduit les angles morts sur les côtés, et les antéviseurs situés de chaque côté du capot du véhicule. Seuls les autobus scolaires sont tenus d’avoir ces derniers, car ils procurent une meilleure vision de l’avant du véhicule où circulent les enfants.

C’est le gouvernement fédéral qui est responsable de tout ce qui concerne la construction des véhicules et les contrôleurs routiers n’ont pas eu vent d’un changement prévu à la loi. Ils ont néanmoins commencé à sensibiliser l’industrie à se munir de ces miroirs en 2019.

En attendant que la loi change, « pour le piéton, le message le plus important à retenir est : est-ce que je vois les yeux du conducteur soit directement, soit à travers un miroir », déclare Mme Michaud.

Selon elle, la responsabilité pour éviter les accidents est partagée. « Le conducteur doit être reposé, ne pas être distrait et regarder partout où il est capable. Le piéton, lui, dit souvent qu’il a la priorité, mais ça va jusqu’où? il est tellement fragile et vulnérable qu’il ne doit pas tenir pour acquis que le véhicule va s’arrêter. »

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