Un événement que les membres de sa famille et ses proches ne pouvaient passer sous silence, tant ce personnage d’envergure a marqué le monde des affaires et l’industrie automobile au Québec.
L’aventure entrepreneuriale de Gaston Trudel, qui a vu le jour le 27 juin 1924 à Lac-Mégantic, a d’ailleurs pris naissance dans un petit atelier mécanique de Saint-Hyacinthe à son retour de la Seconde Guerre mondiale où il a été appelé à servir en Europe avec les alliés, au sein de l’aviation des Forces armées canadiennes.
Pour la petite histoire, on retiendra que c’est sur un terrain offert par son père qu’il a jeté les assises de son commerce spécialisé en freins, fondé sous le nom Bourg-Joli Auto Parts, atelier auquel il ajoute un service de réusinage de pistons et de cylindres pour les garagistes de la région maskoutaine. C’est ensuite sous le nom de Saint-Hyacinthe Auto Parts qu’il étendra ses activités. D’autres succursales s’ajouteront progressivement, dont à Beloeil et à Chambly.
Uni-Sélect
C’est en 1968 que Gaston Trudel réussit le coup d’éclat de sa carrière. En compagnie de 11 partenaires d’affaires et grossistes, il fonde le regroupement Uni-Sélect dans l’espoir d’en faire rapidement un réseau de distribution de pièces automobiles d’envergure nationale. En un an, quelque 160 grossistes suivront les « 12 apôtres d’Uni-Sélect » dans cette grande aventure qui connaîtra une expansion exponentielle au fil des années. Gaston Trudel occupera pendant les dix premières années la présidence de l’entreprise. À ce titre, il supervisera sa croissance, la distribution d’un premier catalogue distribué à plus de 500 000 exemplaires ainsi que la construction du siège social à Boucherville au début des années 1970.
À Saint-Hyacinthe, on le retrouvera également pendant un certain temps au comité de direction de la Commission industrielle de Saint-Hyacinthe ainsi qu’à la Chambre de commerce et au Club maskoutain.
De judicieux conseils
En décembre 2006, Gaston Trudel a été intronisé au Cercle des pionniers de l’Association des industries de l’automobile du Québec, division de l’AIA-Canada, à titre de Grand bâtisseur. On avait alors salué son audace, ses qualités de fin négociateur et sa détermination. Invité à révéler le secret de sa réussite, il avait expliqué que « le superhéros n’attend pas que les gens viennent manger dans le creux de sa main, il court à leur recherche. Il commence à travailler plus tôt que ses collègues et termine plus tard que tout le monde. Il œuvre dans le respect d’autrui, en créant un climat de dialogue serein avec les fournisseurs, les clients et les employés ».
En guise de conseil avisé à offrir à la relève, Gaston Trudel avait insisté sur la nécessité de savoir s’entourer de personnes ayant une vision semblable à la vôtre, tant au niveau des affaires que social. Il avait aussi suggéré aux jeunes de l’industrie d’être à l’affût des moyens innovateurs et créatifs et de se méfier des requins de la finance. Son plus grand souhait à cette époque était de rester en santé pendant plusieurs années et d’être entouré de toute sa famille et de ses amis. « Ensemble, les charbons brûlent, séparés, ils s’éteignent », avait-il déclaré.
En 2009, M. Trudel a encore été honoré de belle façon à l’occasion des célébrations entourant le 40e anniversaire d’Uni-Sélect, lui qui avait quitté le réseau en 1981.
En 2023, Uni-Sélect passera finalement aux mains du géant mondial LKQ Corporation pour une somme évaluée à 2,8 milliards de dollars canadiens. Au moment de cette transaction, Uni-Sélect se targuait d’être un chef de file mondial de distribution de peinture automobile, de revêtements industriels et d’accessoires connexes en Amérique du Nord, ainsi qu’un chef de file de la distribution de produits automobiles destinés au marché secondaire de l’automobile au Canada et au Royaume-Uni. Ses quelque 5200 employés répondaient au besoin de plus de 16 000 ateliers de réparation et de carrosserie automobile et de plus de 4000 ateliers par l’entremise de ses propres bannières.
