18 mai 2023 - 07:00
Gaz Bar Blues revit sur scène
Par: Maxime Prévost Durand
Dans l’adaptation théâtrale de Gaz Bar Blues, vingt ans après le film, le comédien Martin Drainville reprend le rôle du « Boss » François Brochu, un propriétaire de station-service qui fait tout pour garder son commerce en vie. Photo Danny Taillon

Dans l’adaptation théâtrale de Gaz Bar Blues, vingt ans après le film, le comédien Martin Drainville reprend le rôle du « Boss » François Brochu, un propriétaire de station-service qui fait tout pour garder son commerce en vie. Photo Danny Taillon

« Le Boss » reprend du service. Vingt ans après le film culte de Louis Bélanger, Gaz Bar Blues se déploie sur scène dans le cadre d’une adaptation théâtrale qui s’arrêtera au Centre des arts Juliette-Lassonde demain soir, le vendredi 19 mai.

Même si près de deux décennies se sont écoulées depuis qu’elle a été transposée au grand écran, l’histoire résonne tout autant en 2023, estime le comédien Martin Dranville. Celui-ci reprend le rôle joué jadis par Serge Thériault en se glissant dans la peau de François Brochu, le propriétaire d’une station-service que tout le monde appelle « Le Boss ».

« C’est une histoire qui est encore pertinente. C’est une histoire sur les relations humaines, sur la difficulté à dire à ceux que l’on aime qu’on les aime et qui raconte un monde qui n’existe à peu près plus avec les petits quartiers et les commerces de proximité », souligne Martin Drainville en entrevue téléphonique avec LE COURRIER.

On se replonge ici au cœur de la fin des années 80. Malgré la maladie, François Brochu continue de tenir à bout de bras sa station-service, un gaz bar où les gens du quartier viennent flâner et discuter autour d’un café. La concurrence de plus en plus féroce menace toutefois la survie du commerce du père monoparental.

« Il essaie de faire durer le commerce, un peu pour ses enfants, mais en même temps, il ne veut pas [cet avenir] pour eux parce qu’il sait que c’est plus difficile avec la modernité qui pointe à l’horizon », raconte celui qui incarne le personnage principal.

La pièce reste fidèle au récit original, mais certaines libertés ont été prises par David Laurin, directeur artistique chez Duceppe, qui en signe l’adaptation.

« Le jeune fils du Boss devient une fille de 16 ans dans l’histoire. Ça ajoute une modernité parce que, de tous les enfants du Boss, c’est elle qui serait la plus apte à prendre le relais [de l’entreprise familiale]. Le père résiste, pas parce que c’est une fille, mais parce qu’il sait qu’il y a une finalité qui s’en vient pour son commerce », indique Martin Drainville.

Le comédien voit cette pièce comme une bouffée de nostalgie, mais aussi comme une ode au contact humain qui s’est perdu avec le temps.

« Ce sont des relations simples et sincères, affirme-t-il. Dans ce gaz bar, il y a des bouts où il ne se passe pas grand-chose. Pendant une heure ou deux, il n’y a pas un char qui vient gazer, mais même s’il ne se passe rien, il se passe plein d’affaires. Ces gens-là sont juste bien ensemble. Ils n’ont pas tant d’atomes crochus outre que ce qui les définit, c’est qu’ils viennent du même quartier, donc ils ont les mêmes références. C’est fou comment, en 30 ans, on est passé de ça à complètement autre chose maintenant. »

La musique, déjà bien présente dans le film, prend une place encore plus grande sur scène alors que la trame sonore est interprétée par des acteurs-musiciens, qui donnent la réplique en plus de jouer d’un instrument.

« Comme on est dans une pièce où il y a beaucoup de non-dit et de pudeur à dire les choses, la musique prend le relais bien des fois pour ce que les mots ne peuvent pas dire. »

En plus de Martin Drainville, les comédiens Bertrand Alain, Miryam Amrouche, Francis La Haye, Frédéric Lemay, Hubert Lemire, Steven Lee Potvin, Jean-François Poulin et Claude Despins font partie de la distribution de l’adaptation théâtrale de Gaz Bar Blues.

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