Néanmoins, les étudiants déjà inscrits pourront suivre leurs cours comme prévu jusqu’en juin 2025. Le CSSSH prévoit qu’à ce moment, ce seront 125 étudiants qui auront terminé leur parcours de francisation, nombre pour lequel le financement du ministère de l’Éducation est prévu cette année. Il s’agit du même nombre d’élèves à temps complet qu’en 2020-2021 comparativement à près de 200 au cours des deux dernières années.
« Pour atteindre les nouvelles balises ministérielles, tout en préservant les tâches des enseignants et en maintenant un service de francisation, le Centre d’éducation des adultes Saint-Hyacinthe–Acton du CSSSH s’est mis en mode solution », a déclaré la coordonnatrice des communications pour le CSSSH, Émilie Laramée.
Mécontentement généralisé
Par voie de communiqué, le Syndicat de l’enseignement Val-Maska a dénoncé ce qu’il qualifie de « coupures de services majeures en francisation ».
« Alors que le ministère de l’Éducation sabre dans la francisation offerte dans les centres d’éducation des adultes, des enseignants de la région perdent cavalièrement leur emploi durant l’année, et des personnes immigrantes n’ont plus accès à des cours de français. Ça ne date pas d’hier que Saint-Hyacinthe est un pôle d’immigration, et la francisation joue un rôle très important dans l’intégration de ces personnes. De plus, quand le gouvernement dit vouloir valoriser les enseignants et faire de l’enseignement du français une priorité, on comprend que ce sont seulement de beaux discours et qu’il ne joint pas la parole aux actes », a réagi Patrick Théroux, président du syndicat.
Il ajoute que ces coupes sont injustifiables étant donné que le financement alloué à la francisation, transféré par le ministère de l’Immigration au ministère de l’Éducation, est demeuré le même par rapport à l’an dernier et que la coupure relève d’une commande de l’Éducation.
« Les enseignants qui perdent leur emploi ou voient leur tâche réaffectée avaient pourtant choisi de travailler à l’éducation des adultes. Plusieurs ont acquis une solide expertise au fil des ans. La francisation, c’est plus que l’apprentissage du français, c’est la transmission des codes de notre culture et de notre société. Le gouvernement doit changer de cap et s’assurer que les services de francisation puissent continuer à être offerts à la hauteur des besoins réels dans les centres de services scolaires, en toute cohérence avec le financement octroyé par le ministère de l’Immigration. »
Alvaro Sierra, le directeur des services aux nouveaux arrivants à la Maison de la famille des Maskoutains (MFM), où des cours de francisation sont aussi donnés, est particulièrement préoccupé par la situation. « Les personnes issues de l’immigration vont vivre encore plus de frustration parce que la liste d’attente sera encore plus longue. Les intervenants de notre organisme vont devoir gérer les incertitudes de toutes les personnes qui attendront une réponse par rapport à une demande de formation », a-t-il affirmé.
La MFM offre néanmoins des cours de francisation depuis 2016, mais à temps partiel. D’ailleurs, l’été dernier, seulement deux groupes ont pu être formés en présentiel, mais heureusement, grâce au financement du ministère de l’Immigration, il y en a maintenant cinq. Les 46 étudiants des trois nouveaux groupes suivent les cours virtuellement. Les étudiants en présentiel sont actuellement 39. Les cinq enseignants sont d’ailleurs des employés du ministère de l’Immigration.
L’impact sur le terrain se fait déjà sentir à Saint-Hyacinthe. Au Groupe Nutri, on signale que 10 travailleurs étrangers en attente de cours de francisation ne pourront pas en suivre par le biais des ressources gouvernementales. Afin de remédier à la situation, l’entreprise collabore actuellement avec le Comité sectoriel de la main-d’œuvre en transformation alimentaire pour assurer la francisation de ses employés de niveau débutant.
Un budget à respecter
Pour sa part, la députée de Saint- Hyacinthe, Chantal Soucy, estime qu’il ne faut pas parler de coupures budgétaires, mais plutôt du respect du budget alloué à la francisation. « La lettre du gouvernement rappelant de respecter le budget alloué a surpris certains centres de services scolaires, car ils avaient ouvert plusieurs groupes en même temps », a-t-elle mentionné.
Elle a aussi tenu à rappeler que le ministère de l’Immigration finance non seulement la francisation dans les centres de services scolaires, mais aussi dans les cégeps et les organismes communautaires et qu’il a investi davantage.
« La perte de contrôle du fédéral en matière d’immigration temporaire met beaucoup de pression sur nos ressources. C’est certain que si on n’avait pas fait ce rappel, le CSSSH aurait pu franciser le double d’immigrants, mais on attribue un budget et il faut le respecter », a-t-elle conclu.