Imaginez alors quand on la conduit… Cette version remaniée de Godzilla (Godzilla étant le nom délicat dont on a affublé la bête, ce qui donne une idée de sa force et de sa puissance) est encore plus spectaculaire qu’on ne pouvait le penser avec les anciennes générations. Mais elle n’est pas sans défaut pour autant.
Force brute
Je n’ai malheureusement pas pu traîner la GT-R sur la piste, pourtant son endroit de prédilection. Les dirigeants de Nissan n’ayant qu’une confiance limitée dans les qualités de pilote des journalistes et ne souhaitant pas remplacer chaque semaine les pneus de la voiture, nous avaient en effet fortement découragé de le faire… pour ne pas dire carrément interdit.
J’ai, je l’avoue, triché un peu. Je n’ai pas fait de tours de piste, mais il est impossible de vérifier de façon sécuritaire les capacités phénoménales d’accélération de la voiture sans l’amener au moins pour quelques secondes, sur une ligne droite sécuritaire. Car, avec ses 545 chevaux et sa traction intégrale, la GT-R ne roule pas vite… elle vole juste un peu trop bas. Quand on appuie à fond sur l’accélérateur, on a littéralement l’impression d’être propulsé hors d’une fronde : le 0-100 se réalise, selon Nissan, en 2,9 secondes. J’avoue ne pas avoir pu réaliser un tel exploit, mais disons que mes données n’étaient pas si éloignées. Cette puissance est totalement issue du V6 3.8 turbo qui se cache sous le capot : un monstre d’efficacité, mais qui aurait bien besoin d’un échappement et d’une sonorité plus recherchée. Simple commentaire d’amateurs, faut-il le dire, mais on n’entend pas la présence d’une grosse cylindrée comme c’est le cas sur les Muscle car américain par exemple. Quant à la boîte de vitesse, une séquentielle à double embrayage, elle est démentielle de rapidité dans tous ses changements de vitesse. Mais elle n’est certainement pas une reine de discrétion, malgré les changements apportés en 2013. Elle est bruyante, et donne parfois l’impression d’avoir été mal ajustée tellement les rapports se font sentir. Pire encore, tentez de reculer avec la GT-R et vous aurez droit à une véritable symphonie de craquements et de bruits en tout genre. Sans compter le rayon de braquage qui donne l’impression d’être quelques centimètres plus élevé que celui d’une camionnette de plein format! Mais on pardonne ces faiblesses quand on utilise les palettes derrière le volant pour gérer les rapports avec une rapidité déconcertante, la voiture faisant d’elle-même le « rev matching », c’est-à-dire l’équivalent d’un talon pointe en rétrogradation.
Espace limité
Il est vrai que, pour une super voiture, la GT-R propose une valise imposante, et un dégagement pour les passagers avant plus que raisonnable. Il faut dire que les sièges offrent un support digne de mention, et comparable aux meilleures voitures sportives du monde.
Mais, car il y a un mais, les places arrière sont, pour ainsi dire, inexistantes. Il faudrait être un papa sérieusement cruel pour forcer des enfants à y prendre place. Impossible d’y loger un adulte, même votre pire ennemi! En revanche, le tableau de bord est amusant et spectaculaire. Les cadrans sont plutôt ordinaires, mais la console centrale est surmontée d’un écran multifonction adaptable selon nos besoins. Et ici, pas de demi-mesures : on peut tout y avoir, incluant les G latéraux ou frontaux, le pourcentage de freinage, et toutes les pressions possibles et imaginables. Et parce qu’on parle d’une voiture de très haute performance, on retrouve aussi dans la console les boutons de réglage permettant de passer du mode confort au mode R, le plus sportif. Et même si les suspensions de base sont extrêmement rigides, elles le deviennent encore plus, et de façon très perceptible, en utilisant les fonctions avancées. La direction est précise, le châssis ultra-rigide, bref, la GT-R est un véritable monde de puissance et de conduite dynamique.
En résumé
Mais, car il y a un mais, elle n’offre pas tout à fait le raffinement de ses rivales allemandes. Il est vrai que les améliorations produites en 2013 rendent la GT-R plus efficace que jamais. Mais la voiture continue d’exiger quelques compromis en usage quotidien, compromis que l’on ne retrouve pas, par exemple, sur la Audi R8. N’empêche que de prendre le volant de Godzilla procure toute une sensation : celle de maîtriser la puissance à l’état brut. Et ça, c’est un sentiment indescriptible!
Forces :
– Puissance monstrueuse – Direction précise – Freinage démoniaque
Faiblesses :
– Rayon de braquage arrière – Transmission bruyante – Places arrière risibles
Fiche technique
Moteur : V6 3,8 cylindres turbo Puissance : 545 chevaux à 6400 Couple : 463 li-pi à 3200 tr/min Traction : intégrale Transmission : séquentielle à double embrayage Consommation : 10,2 l aux 100 km (route) / 14,7 l aux 100 km (ville) 0-100 km à l’heure : 3,4 secondes Vitesse maximale : 315 km/h Prix : 103 980 $ de base