Cet été seulement, Grand Eugène a foulé les planches de l’une des scènes extérieures des Francos de Montréal, il a joué pour la première fois au Festival d’été de Québec et il participera au Festival de la musique émergente (FME) en Abitibi-Témiscamingue à la fin août. Jeremy Lachance et sa bande ont aussi fait une tournée en France en début d’année.
« On est quand même surpris de l’envergure que ça prend rapidement », confie l’artiste de 27 ans en entrevue téléphonique avec LE COURRIER.
Grand Eugène a même été en lice pour le prix Félix-Leclerc, qui vise à stimuler la création chez les jeunes auteurs- compositeurs-interprètes et à encourager la production et la diffusion de la chanson francophone. Une nomination qui n’avait rien de banal pour le jeune groupe. « Ça a rendu mes parents fiers, je pense, lance Jeremy Lachance en riant. Juste le fait que ce soit écrit Félix-Leclerc dans le prix, ils disaient : wow! »
À la mi-juin, Grand Eugène lançait son deuxième EP, intitulé Les vacances d’été, insufflant une musique à la fois légère et dansante dans le paysage québécois avec ses rythmes aussi planants que contagieux. Ses sonorités ne sont pas sans rappeler celles provenant de la scène indie pop européenne.
« Si on regarde la scène anglo à Montréal, il y a aussi beaucoup de gens qui font dans ce style-là, note le musicien. Le fait que ce soit en français, c’est ce qui rend le projet différent. »
S’effacer (partiellement) pour mieux créer
Jeremy Lachance est le cœur de Grand Eugène. C’est lui qui compose la musique et les paroles depuis le début. Mais contrairement au projet solo qu’il a défendu préalablement, et qui l’a conduit jusqu’aux Francouvertes et au concours Ma première Place des arts, ce n’est pas lui qui chante.
Lors des spectacles, il joue de la guitare et il ajoute ici et là quelques touches vocales, mais sans plus. Les devants de la scène, il les laisse à sa bonne amie Melyssa Lemieux au chant. Un choix conscient pour le natif de Saint-Hugues.
« J’ai joué de la basse dans d’autres bands et j’ai beaucoup aimé le rôle du bassiste qui est derrière, qui est ultra important, mais que personne ne remarque trop. Ça allait bien avec ma personnalité. D’avoir quelqu’un d’autre qui prend le rôle à l’avant-scène, ça fait du bien. Ça m’enlève beaucoup de stress et ça me permet de me concentrer sur ce qui me plaît le plus, soit la création », explique Jeremy.
« Ça fait du bien d’être dans un projet qui porte un autre nom que le mien, ajoute-t-il. Le fait que ce ne soit pas juste moi qui porte le projet, mais que ce soit une entité artistique, ça me donne de la confiance. »
C’est aussi une manière pour lui de créer une distinction avec le matériel qu’il avait fait paraître sous son propre nom. « Mes chansons étaient un peu plus dans la chanson française, mais j’avais envie de faire quelque chose qui dansait plus et qui était facile à écouter, peu importe la langue qu’on parle », raconte le musicien en évoquant les débuts de Grand Eugène.
De fil en aiguille, Melyssa Lemieux s’est jointe à lui pour ce projet musical. « Ça a été en mouvement beaucoup. Maintenant, c’est vraiment un duo de Melyssa et moi, mais il y a eu plusieurs moving pieces sur le chemin, raconte Jeremy. Ça fait longtemps qu’on se connaît, Melyssa et moi, mais ça a pris du temps avant qu’elle embarque dans le projet. Ces chansons-là étaient mortes dans mon Google Drive pendant un moment et Melyssa est venue voir un show dans lequel j’étais musicien et elle me disait qu’elle aimerait faire ce genre de musique là. Donc, je lui ai dit “attends, j’ai des morceaux sur lesquels j’ai travaillé” et je les lui ai fait écouter. »
Même si Grand Eugène occupe la majeure partie de son temps maintenant, Jeremy Lachance n’écarte pas pour autant la possibilité de continuer son projet solo. « Je pense que les deux peuvent cohabiter. Ils n’ont pas le même style musical non plus, affirme-t-il. Je pense que ça me rattrape par contre, je forge mon identité musicale complète autour de Grand Eugène. Les prochains trucs qui vont arriver avec mon projet solo ou même pour les projets sur lesquels je travaille pour d’autres gens seront teintés énormément de ce que je fais avec Grand Eugène. C’est [le genre de musique] que j’écoute depuis que je suis adolescent. Je pensais peut-être que je n’étais pas capable de le faire ou juste que c’était plus compliqué à faire, mais en jouant avec d’autres gens qui font ce style de musique, ça m’a fait réaliser que je pouvais le faire et que j’aimais vraiment ça. »
Ah, on oubliait : pourquoi le nom Grand Eugène pour le groupe? « Mon oncle s’appelait Eugène, mais ça n’a pas plus rapport que ça », conclut Jeremy Lachance.