C’est probablement ici que réside le plus grand souci. La voiture est belle, nul doute là-dessus. Mais il lui manque un petit quelque chose qui lui permettrait de devenir vraiment attirante. Un peu comme certaines berlines compactes qui ont longtemps affiché un profil un peu trop discret. La qualité y est, le désir un peu moins. C’est ce que la G80 suscite comme réaction.
Vous me direz que je deviens exigeant, car la voiture a de quoi plaire, elle fait partie des véhicules de luxe parmi les plus abordables et propose une mécanique efficace. Encore une fois, tout cela est vrai. Mais il manque la passion, négative ou positive, que suscite par exemple le regard vers une BMW ou une Mercedes qui sont pourtant des concurrentes directes. Un peu comme si Genesis avait été gêné d’y aller à fond et avait conservé une certaine réserve dans le style.
Cette tranquille appréciation est tout aussi vraie à l’intérieur. Les matériaux, le style et le confort y sont exceptionnels, nul doute. Le cuir est omniprésent, les ajustements sont impeccables, les finitions soignées. Les sièges avant offrent chauffage et ventilation, ceux de l’arrière procurent aussi un confort digne des longs voyages. On a même des sièges Ergo-motion à l’avant. En termes clairs, ce système active un certain nombre de poches d’air dans le siège au bout d’une certaine randonnée. Cela permet de modifier un peu la position du conducteur, éliminant ainsi un inconfort provoqué par l’immobilisme au volant.
L’insonorisation aussi est remarquable, rendant l’habitacle presque totalement hermétique aux bruits de la route. L’équipement technologique est à la hauteur de ce que l’on attend dans cette catégorie : affichage numérique moderne, système multimédia intuitif, caméra à 360 degrés, sans oublier toute la panoplie d’aides à la conduite qui sécurisent le trajet. Bref, c’est le genre de cocon dans lequel on se sent immédiatement à sa place, que l’on conduise ou que l’on se laisse conduire.
L’espace y est abondant, et même les passagers arrière ont un dégagement suffisant pour prendre leurs aises et s’offrir une randonnée confortable. En gros, il y a bien peu à dire sur cet ensemble qui est sophistiqué, et magnifiquement assemblé. Peu à dire si ce n’est qu’il forme un tout presque trop parfait, un peu comme un salon trop chic. On s’est tous déjà retrouvé dans une pièce si raffinée qu’on ne sait trop sur quel siège prendre place, ni si on a le droit de déplacer quelque chose. C’est un peu cette rigidité, chic et bien pensée, qui figure dans le Genesis G80.
Le tout est parfait si vous êtes à la recherche de l’intérieur parfait. Moins si vous préférez des intérieurs un peu plus brouillons ou carrément modernes, comme le Genesis GV60 avec sa boule de cristal colorée par exemple. C’est un peu comme si la G80 avait quelque chose de trop sage.
Cette sagesse, heureusement, ne se retrouve pas vraiment sous le capot. On y retrouve un V6 biturbo de 3,5 litres qui développe 375 chevaux et 391 lb-pi de couple. En clair, c’est assez pour propulser cette grande berline de près de deux tonnes de 0 à 100 km/h en moins de cinq secondes. La boîte automatique à huit rapports gère bien l’ensemble, même si, à froid, on la souhaiterait parfois plus douce.
La voiture est aussi surprenante à conduire. La suspension, à multibras aux deux essieux, réussit un savant compromis entre confort et tenue de route. Oui, on ressent un peu le poids de l’engin quand on force la note, et oui, elle affiche un léger roulis en conduite très dynamique, mais soyons honnêtes, ce n’est pas une vraie sportive radicale.
Pour le conducteur qui veut une berline de luxe différente, qui cherche à se distinguer sans tomber dans les clichés habituels des marques allemandes, la Genesis G80 a des arguments solides. Elle n’a pas la notoriété d’une BMW Série 5 ou d’une Mercedes Classe E, mais elle compense largement par son rapport équipement-prestige-performance. À près de 90 000 $, elle ne se donne pas, mais ce prix inclut pratiquement tout, sans la fameuse liste d’options interminables qui gonflent rapidement la facture chez d’autres constructeurs.