Nul besoin d’être professionnel, tout le monde (surtout le premier imbécile venu) peut en produire de chez lui et la distribuer au monde entier. En plus, la haine, c’est gratuit! Et plus c’est gratuit, plus ça vend. Et comme la colère attire plus l’attention qu’un lampadaire de concessionnaire n’attire les papillons, les algorithmes en redemandent et l’offre dépasse tellement la demande que des gens en reçoivent même sans jamais l’avoir demandé.
Dans le monde virtuel, la haine se partage à grands coups de « like ». Pendant ce temps, dans le monde réel… des inconnus se saluent, se tiennent la porte ou se cèdent le passage. Parfois, un sourire s’échange. Un regard complice. Un geste de la main. Ou un petit bouquet laissé dans un abribus de la 200 avec ce simple mot : « Aujourd’hui la vie te sourit, ces fleurs sont pour toi. Bonne journée. » Le cadeau anonyme a été trouvé par quelqu’un qui en avait besoin cette journée-là. Et ça lui a fait un bien immense. La bonté, comme la haine, se donne gratuitement sans avoir été demandée. Mais comme elle est discrète, elle fait rarement les manchettes.
Dans le monde réel, les gens sont généralement bons. C’est en particulier qu’ils deviennent méchants. Particulièrement dans le monde virtuel. Pourtant, il suffirait de tous petits grains de bonté bien placés pour faire dérailler tout l’engrenage de la haine.