17 mai 2012 - 00:00
Près de 1 000 étudiants se joignent à l'injonction
Grève ou pas, les cours reprendront mardi
Par: Le Courrier
Plus de 980 étudiants du Cégep de Saint-Hyacinthe ont joint leur nom à une ordonnance de la Cour supérieure qui devrait leur permettre de rentrer en classe dès mardi, peu importe que la grève soit toujours en vigueur ou non. En somme, l'ensemble des cours du Cégep serait concerné par cette nouvelle initiative.

Ce recours fait suite à l’injonction émise le 4 mai par le juge en chef de la Cour supérieure du Québec François Rolland. Son jugement rappelait que les étudiants n’étaient pas tenus d’être membres de leur association étudiante et que leur désaffiliation leur évitait d’être soumis à l’entente survenue entre le collège et le regroupement étudiant.

Dans son jugement, le juge Rolland établissait que « le conflit étudiant a pris des proportions catastrophiques et cause aux étudiants un préjudice irréparable qui met en péril leur avenir professionnel ».Rapidement, des étudiants ont vu la porte ouverte par le juge Rolland et les demandes de désaffiliation ont plu au bureau du regroupement étudiant (RÉÉCSH). « L’idée, c’est qu’en étant désaffiliée, je ne suis plus en boycott avec mon association et conséquemment, je devrais pouvoir reprendre mes cours sans empêcher les autres de poursuivre leurs revendications », a expliqué Sarah Witty, la toute première étudiante à avoir demandé que son nom soit retiré de la liste des membres de l’association. « Évidemment, ça m’empêche de voter, mais de toute façon, ça n’avait rien donné jusqu’ici de se présenter dans les assemblées. »Selon les chiffres qui circulent, jusqu’à 200 des 4 000 étudiants que représente le RÉÉCSH se seraient désaffiliés avant que le collège n’intervienne. « Devant le nombre de lettres reçues des étudiants désaffiliés qui voulaient ravoir leurs cours, nous nous sommes adressés au juge pour qu’il nous donne les cadres nécessaires pour coordonner une telle reprise », a expliqué Véronique Blain, directrice des communications du Cégep. Ainsi, les étudiants avaient du 14 au 16 mai, jusqu’à midi, pour joindre leur nom à l’injonction qui leur permettait de reprendre tous leurs cours, sans avoir à aller défendre individuellement leurs droits devant les tribunaux. Les cours visés devaient d’abord reprendre jeudi, mais devant l’important nombre d’étudiants qui souhaitaient joindre l’ordonnance, le Collège a reporté cette rentrée en classe à mardi. Comme dans le cas des injonctions émises plus tôt dans le conflit, tous les étudiants inscrits aux cours visés sont conviés à y assister, puisqu’ils ne seront pas repris.« Avec quelque 980 étudiants, inscrits chacun à plusieurs cours, tous les cours ou presque sont touchés par l’injonction à partir de mardi », a confirmé le président du Syndicat des professeurs, Antoine Campeau-Péloquin, qui enseigne la biologie. Ce dernier craint que des affrontements n’éclatent si des manifestants venaient se dresser devant les portes pour forcer la fermeture du Cégep, comme cela s’est produit récemment à Montréal. Déjà, des professeurs et des étudiants d’ailleurs au Québec ont prévu se mobiliser pour empêcher ce retour en classe.Le regroupement étudiant s’est dit contre l’injonction, mais s’est tout de même entendu avec le Collège pour que l’invitation soit lancée sur le portail du Cégep. Son président, Anthony Chiasson-Leblanc, dénonce toutefois que seuls les coordonnées et le numéro d’étudiant aient été requis pour s’inscrire à l’injonction. « On aurait souhaité que le Cégep demande au minimum une signature. Le numéro d’étudiant, c’est loin d’être confidentiel. J’aurais pu moi-même inscrire tous mes amis à leur insu sans trop de difficultés. Le processus n’est pas tout à fait fiable. »« La semaine passée, on parlait d’une trentaine de cours repris grâce à des injonctions. Si mardi le Cégep veut reprendre tous ses cours, la pilule sera plus difficile à avaler », a conclu le président du RÉÉCSH.Les étudiants membres du RÉÉCSH étaient conviés à un nouveau vote de reconduction de la grève mercredi après-midi. Cette assemblée se tenait dans un contexte particulier, des rumeurs persistantes voulant que le gouvernement adopte bientôt une loi spéciale forçant le retour en classe de tous les étudiants. Le projet de loi viserait à empêcher les manifestants de bloquer l’accès des collèges et universités. Le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), le Maskoutain Léo Bureau-Blouin a d’ailleurs déploré que soit envisagé un tel scénario pouvant envenimer la situation déjà tendue. « Un bon père de famille ne fait pas venir la police chez lui pour régler les problèmes qu’il a avec ses enfants, a-t-il affirmé en conférence de presse, mercredi. Un bon père de famille s’adresse à ses enfants. Il leur parle pour régler la crise. »Les étudiants du Cégep de Saint-Hyacinthe sont en grève depuis le 15 mars. Le résultat du vote de reconduction tenu mercredi sera publié au www.lecourrier.qc.ca dès qu’il nous aura été communiqué.-30-

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