Aujourd’hui même, elle se rendra à l’Hôpital Honoré-Mercier de Saint-Hyacinthe pour la première fois dans le cadre de ses nouvelles fonctions comme préposée à l’entretien ménager.
« Il y a deux semaines, pour répondre à l’appel de notre premier ministre, je me suis portée volontaire pour me joindre à l’équipe d’hygiène et de salubrité. Je voulais m’impliquer socialement. J’ai été engagée. Je compte frotter bien fort pour faire disparaître ce satané coronavirus », s’exclame celle que l’on connaît également pour son personnage pour enfants Gribouille Bouille.
Il se trouve que son conjoint, Yvon Letarte, travaille déjà pour le CISSS de la Montérégie-Est au sein de l’équipe d’hygiène et salubrité. « J’ai décidé de joindre les rangs pour être solidaire avec lui, avec tous les travailleurs qui œuvrent dans un secteur essentiel et, par extension, avec tous les Québécois », poursuit Mme Royer.
Le point tournant
Le jour où tout a changé au Québec, le 12 mars, Julie Royer donnait des ateliers scolaires à des élèves du 2e cycle dans le cadre de la Foire du livre de Saint-Hyacinthe. C’était sans savoir que les écoles fermeraient pour une durée indéterminée dès le lendemain.
Depuis ce moment, toutes les activités qui étaient prévues à son horaire avec Gribouille Bouille, que ce soit en milieu scolaire, préscolaire ou en bibliothèque, ont été annulées. C’est la première fois en plus de 20 ans qu’elle doit délaisser son personnage pour une aussi longue période.
« Si l’urgence sanitaire n’avait pas été décrétée, je ne me serais jamais arrêtée, soutient-elle. On ne peut pas stopper les machines, quand on travaille à son compte. Alors, si j’ai été déstabilisée par l’inactivité durant les premiers jours de ce confinement, j’ai fini par me dire qu’il valait mieux décrocher et voir le bon côté des choses. Depuis, je profite de ce congé obligé pour me ressourcer, cuisiner, faire des siestes, prendre l’air, jouer avec mes chats et lire une tonne de livres que je voulais lire depuis longtemps et dont je repoussais constamment la lecture, faute de temps. »
Cela dit, l’auteure n’a pas arrêté d’écrire malgré les circonstances. Au contraire. Elle travaille présentement sur deux textes jeunesse qui devraient être dévoilés au public à l’automne si tout va bien.
« Être isolée, seule et incertaine quant à mon avenir, c’est un peu ce que je vis depuis des années, en tant qu’écrivaine, alors ça ne change pas vraiment mon quotidien », souligne-t-elle.
Du positif
La situation actuelle donne aussi lieu à de belles choses pour Julie Royer. Les Auteurs du quartier, un collectif de jeunes de son quartier qui s’était rassemblé l’été dernier pour écrire un livre sous son mentorat, ont décidé de profiter de la fermeture de l’école pour reprendre leur projet là où ils l’avaient laissé.
« On a du temps, on pourrait commencer immédiatement à écrire la suite de notre roman plutôt que d’attendre les vacances d’été. Qu’est-ce que vous en pensez? », ont-ils demandé à l’auteure lorsqu’ils ont su qu’ils n’auraient pas d’école pendant un moment. Une proposition qu’elle a acceptée sans hésiter.
Confinement oblige, ils ont dû revoir leur méthode de travail. L’an dernier, ils se réunissaient chaque soir de la semaine, pendant une heure, pour avancer leur roman. Mais comme les rassemblements sont interdits, ils écrivent cette fois le roman à relais, chacun reprenant l’histoire où l’autre l’a laissée, puis ils partagent leur avancement avec le reste du groupe grâce à une correspondance par courriel.
Le plus récent roman de Julie Royer, le troisième tome de sa série jeunesse Bio-Nick, devait quant à lui paraître aux alentours du 14 mars. Mais toutes les fermetures liées à la mise sur pause du Québec ont bousculé sa sortie, si bien qu’il ne se rendra au public qu’une fois que la roue recommencera à tourner chez les distributeurs et les librairies.