20 juin 2019 - 13:09
La Présentation
Gros ménage dans le rang Salvail!
Par: Benoit Lapierre

Environ 500 tonnes de déchets divers recouvraient le terrain à l’arrivée de PurNat, samedi matin. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Environ 500 tonnes de déchets divers recouvraient le terrain à l’arrivée de PurNat, samedi matin. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Sur cette photo aérienne, on distingue quelques-uns des grands bâtiments camouflés par la végétation et qui sont aujourd’hui remplis de rebuts de toutes sortes, après avoir déjà servi de visonnières. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Sur cette photo aérienne, on distingue quelques-uns des grands bâtiments camouflés par la végétation et qui sont aujourd’hui remplis de rebuts de toutes sortes, après avoir déjà servi de visonnières. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Une opération nettoyage orchestrée par PurNat, un organisme québécois sans but lucratif (OSBL) voué à la restauration de sites naturels devenus des dépotoirs clandestins, a donné d’impressionnants résultats ces derniers jours dans le rang Salvail Sud, aux limites de la municipalité de La Présentation.

Dans ce cas-ci, il s’agissait d’une propriété agricole de 20 hectares où des rebuts de toutes sortes avaient été accumulés au cours des dernières décennies, principalement dans sa partie arrière, en bonne partie boisée.

Des carcasses de bagnoles, de roulottes, de bateaux, de remorques, des pneus, des barils de pétrole, des bonbonnes de gaz, des matériaux de construction, et jusqu’à une grosse pelle mécanique rongée par la rouille : il y avait de tout au 1525, rang Salvail Sud, autour et derrière une maison délabrée, visiblement désertée depuis longtemps. « Selon mon estimation, on a dû retirer d’ici environ 500 tonnes de matériel, dont une soixantaine d’automobiles. C’est le plus gros chantier qu’on a eu jusqu’à maintenant », confiait mardi Marcel Poiré, de PurNat, un OSBL qu’il a fondé en 2013 et qu’il dirige avec son fils, Jean-Raphaël, le président du conseil d’administration.

Le travail sur le site avait commencé quatre jours plus tôt, le samedi 15 juin, avec le concours de sous-traitants et d’une quarantaine de bénévoles venus d’un peu partout au Québec. « On leur avait installé un chapiteau, des tables, des chaises, une toilette, un lavabo, on leur a aussi distribué des gants de sécurité. C’est beaucoup de logistique, une opération comme celle-là », explique M. Poiré. Les matières retirées du site ont été envoyées à un lieu d’élimination de matériaux secs ou chez des recycleurs, dans le cas des métaux notamment.

PurNat est intervenu à La Présentation à la demande de la municipalité, laquelle avait obtenu de la Cour supérieure, au début de 2017, une ordonnance enjoignant le propriétaire des lieux, Benoit Tremblay, à « procéder au nettoyage et à l’enlèvement des causes d’insalubrité et de nuisance se trouvant sur la propriété », cela avant le 31 mai 2017, sans quoi la municipalité pouvait elle-même faire exécuter ces travaux.

« Ça fait longtemps que ça dure, c’est un dossier vieux de plus de 15 ans. C’est la première fois qu’il est rendu public parce que PurNat cherchait de la publicité, je crois », a indiqué au COURRIER le maire de La Présentation, Claude Roger en faisant allusion à des reportages parus sur le sujet en fin de semaine dans le Journal de Montréal et à TVA Nouvelles.

M. Roger a précisé que la municipalité avait engagé 60 000 $ dans la restauration de ce terrain, somme à laquelle PurNat doit ajouter 30 000 $ ou 40 000 $, cela en vertu de l’entente tripartite que la municipalité a refusé de dévoiler, sans expliquer la raison de ce refus. Cette entente a été conclue avec PurNat et une fille de M. Tremblay qui le représente comme mandataire. Le propriétaire devra rembourser à la Ville les frais encourus par elle, sans quoi celle-ci pourra faire saisir cet immeuble d’une valeur de 244 000 $ au rôle d’évaluation et le mettre en vente. « On a déjà reçu plusieurs demandes pour cette terre-là », souligne le maire Roger.

Cette propriété n’apparaît pas au registre gouvernemental des terrains contaminés par des hydrocarbures et autres produits chimiques, ce qui ne signifie pas pour autant que le sol y est dans un état acceptable. PurNat n’intervient qu’en surface et n’effectue pas de travaux de décontamination. En outre, on trouve sur les lieux six grands bâtiments qui auraient déjà servi à l’élevage du vison, chacun long d’environ 300 pieds (91 mètres) et qui sont entièrement remplis de rebuts. PurNat et la Ville les ont laissés tels quels, car ils n’étaient pas visés par l’ordonnance de 2017. Il faut donc s’attendre à ce qu’un jour, le nettoyage de cette propriété du rang Salvail fasse l’objet d’une phase II…

Ici comme ailleurs, ce ne sont pas les sites à restaurer qui manqueront à PurNat, l’OSBL préparant même son entrée au Mexique et en Californie. « Les contrats comme celui-ci sont viables, sans quoi on fermerait nos portes », a conclu Michel Poiré.

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