Les négociations visant le renouvellement de l’entente n’ont rien donné jusqu’ici, tant et si bien que le bras de fer entre Québec et la FMOQ est même appelé à passer à un niveau supérieur, s’il faut en croire le message d’une opération syndicale qui semble orchestrée par la FMOQ à travers ses diverses associations régionales et relayée par des groupes de médecine de famille (GMF).
Au cours des derniers jours, des GMF des quatre coins du Québec, dont certains situés en Montérégie dans le vaste territoire desservi par les hebdomadaires régionaux de DBC Communications, ont avisé leurs patients ayant transité par le GAP qu’ils ne pourraient plus les recevoir. « Sans cette entente, nous ne pouvons maintenir l’offre puisque les ressources dédiées à cet accès ne pourront être maintenues dans leurs fonctions. Soyez assuré que tous les médecins de la clinique sont désolés de ne pouvoir vous offrir une alternative et regrettent de ne pouvoir vous recevoir. Dans ce contexte, nous vous suggérons de contacter votre député afin de le sensibiliser à cette situation », peut-on lire dans l’une de ces lettres obtenues par Le Courrier de Saint-Hyacinthe.
En parallèle, des députés de la Coalition avenir Québec ont également reçu des lettres émanant de regroupements régionaux des médecins omnipraticiens, dont l’Association des médecins omnipraticiens Richelieu-Saint-Laurent (AMORSL).
Les députés caquistes de la Montérégie ont été sensibilisés par l’AMORLS sur les impacts extrêmement négatifs découlant de la fin de l’entente sur l’accès.
« Tous les médecins respecteront le code de déontologie (aucun patient dont l’épisode de soin ne sera pas terminé ne sera laissé de côté), mais plusieurs médecins ne pourront pas poursuivre au même rythme ou cesseront d’offrir des plages pour répondre au GAP. Si c’est la fin de l’entente pour le gouvernement, ce le sera aussi pour les médecins de famille. La coupure des ressources et des engagements ne permettra pas de poursuivre au même niveau », prévient Dre Caroline Delisle, présidente de l’AMORSL.
L’entente provisoire sur l’accessibilité prévoyait le versement d’une prime forfaitaire de 120 $ par patient inscrit collectivement par année à tout GMF. Elle s’ajoute au remboursement de l’acte médical et aux autres primes versées aux médecins, mais cessera d’être versée cette semaine, à moins d’un accord.
Le ministre rassure et riposte
Joint par LE COURRIER à Saint-Hyacinthe où il participait samedi au Conseil général de son parti en compagnie de l’ensemble de la députation de la CAQ, le ministre de la Santé, Christian Dubé, n’a pas souhaité commenter ces sorties simultanées des omnipraticiens et l’instrumentalisation des patients.
Il a cru cependant nécessaire de se faire rassurant quant à l’avenir du GAP.
« Nous avons été clairs depuis le début, nous avons mis en place le GAP, et le GAP est là pour rester. Le financement temporaire de l’entente GAP prend fin le 31 mai comme prévu. Par contre, nous voulons certains changements à l’entente. Nous devons nous assurer que l’argent investi favorise plus d’accès et de soins aux patients. Maintenant, avec le syndicat des omnipraticiens, nous sommes en processus de négociation impliquant un conciliateur, dans le contexte de l’entente-cadre à renouveler. Entre-temps, nous nous attendons à ce que chacune des parties place le patient en priorité. De notre côté, le Ministère continue le financement du GAP, du personnel infirmier et administratif qui y travaille, notamment au téléphone et sur Internet, de même que le programme des GMF qui a été ajusté, afin de maintenir ce nouveau mécanisme d’accès important pour les patients et les médecins », a indiqué le ministre Dubé.
En mêlée de presse en fin de matinée lors du Conseil général, il a toutefois commenté de façon encore plus virulente les informations relayées en exclusivité quelques heures plus tôt sur le site Internet du COURRIER. Il a déploré « cette manœuvre syndicale » de la FMOQ et le mot d’ordre donné à ses troupes. « Je n’accepterai jamais que les patients soient pris en otage dans les négociations. Il est inacceptable que le syndicat incite à l’arrêt des rendez-vous aux patients du Guichet d’accès à la première ligne. »
Main tendue
Au lendemain du Conseil général, le ministre Dubé semblait déjà regretter ses paroles. Et question de faire tomber la pression, il y est allé d’une déclaration publique, mardi, dans laquelle il disait croire à une entente négociée de dernière minute avec la FMOQ.
« Maintenant, ce que les Québécois nous demandent, c’est de ne pas être intransigeants de part et d’autre. Ce sur quoi nous sommes fermes de notre côté, ce sont les résultats, les rendez-vous pour les patients qui en ont besoin », a indiqué Christian Dubé.
Du côté de la FMOQ, on s’est aussi défendu de prendre les patients en otage en niant avoir donné le mot d’ordre aux GMF de ne plus offrir de rendez-vous à la fin de l’entente, comme l’affirmait le ministre quelques jours auparavant.
Aucune entente n’avait été annoncée au moment de mettre sous presse.