Le jeune Bourassa a une enfance heureuse, passant ses hivers à Montréal et ses étés à Montebello. Il est éduqué principalement par des précepteurs qui développent sa curiosité intellectuelle. Il n’aime rien autant que d’assister aux discussions politiques qui ont souvent lieu dans le salon familial.
En 1888, à peine majeur, Henri devient maire de Montebello. Il le demeurera jusqu’en 1894. Tout comme son grand-père Louis-Joseph Papineau, Henri Bourassa est très nationaliste. La mort de Louis Riel en 1885 le marque profondément et, lors du décès de John A. Macdonald en 1891, il refuse, en tant que maire de Montebello, d’exprimer ses condoléances pour celui qu’il accuse d’avoir été le meurtrier du chef des Métis. Ce geste d’éclat le fait remarquer à Ottawa et, quelques années plus tard, il accepte l’invitation de Wilfrid Laurier à se joindre aux libéraux, à la condition de conserver son indépendance d’esprit. Laurier, impressionné par la personnalité du jeune Bourassa, accepte ses conditions.
En 1896, il est élu dans Labelle. Dès le départ, il s’oppose à la position du ministre Israël Tarte à propos des écoles françaises du Manitoba, un dossier qui lui tient à cœur. Il parvient à imposer un compromis, mais il perd de plus en plus confiance en son propre gouvernement. Il démissionne en 1899 lorsque Wilfrid Laurier, sans passer par la Chambre des communes, décide de la participation du Canada à la guerre des Boers en Afrique du Sud.
En 1905, il épouse Joséphine Papineau, sa petite-cousine. Ils auront huit enfants.
Délaissant le terrain fédéral, Bourassa joint le mouvement de la Ligue nationaliste au Québec. Il accuse le premier ministre libéral Lomer Gouin d’avoir une politique de colonisation qui nuit aux Canadiens français, les poussant presque à s’exiler vers les États-Unis. Lors de l’élection générale en 1908, il gagne dans deux comtés : Saint-Hyacinthe où il défait le libéral Joseph Morin par 36 voix et Saint-Jacques où il défait Lomer Gouin lui-même. Mais le premier ministre ne perd pas son siège puisqu’il se présentait également dans un autre comté.
Lors de la campagne électorale dans Saint-Hyacinthe, Bourassa prône la séparation de la politique fédérale et de l’administration provinciale. Il entend également donner une impulsion vigoureuse à la colonisation dans le but de faire contrepoids à l’immigration étrangère. Toutefois, dans ses discours, il s’en prend souvent à Laurier, ce qui enrage les libéraux de la circonscription. Lors d’un événement tenu à Saint-Hyacinthe par le candidat Bourassa, il y a du grabuge et il doit s’esquiver promptement. Une femme et deux hommes sont blessés dans l’aventure. Il faut l’intervention de la brigade d’incendie pour calmer les esprits…
Après un an, Bourassa se désintéresse presque complètement de la politique active. En 1912, il ne se représente pas dans Saint-Hyacinthe. La Ligue nationaliste, que Bourassa s’est toujours refusé à ériger en parti dont il aurait été le chef, cesse d’être une force au Québec. En 1910, il fonde le journal Le Devoir, qui existe encore aujourd’hui. Le journal, dont la devise est « Fais ce que dois », se targue depuis sa fondation d’être un journal indépendant, vœu principal de Bourassa pour son entreprise.
Jusqu’à la fin de sa vie, Bourassa demeurera une personnalité respectée et écoutée. Il prend parti dans chacun des grands débats qui secouent le pays. C’est ainsi qu’il s’opposera fortement à la conscription lors des deux Guerres mondiales. Il décède à Montréal le 31 août 1952.
Par Martin Ostiguy, membre du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe