La perte de celle qui, il y a quelques mois à peine, portait encore des dossiers municipaux à bout de bras a laissé un grand vide à la table du conseil, où Mme Dion Audette occupait un rôle central. Elle était véritablement le « pilier » du groupe, n’a pas hésité à reconnaître son collègue Bernard Barré, qui a siégé avec elle durant les 24 années où elle a représenté les citoyens d’Hertel-Notre-Dame. « Elle m’a toujours impressionné », a-t-il reconnu.
Mme Dion Audette a été élue pour la première fois en 1996, pour ne jamais être délogée par la suite. Son engagement public remonte à encore plus loin puisqu’elle a également été commissaire scolaire auparavant. Le maire Claude Corbeil a rendu hommage à la « femme d’exception » qu’elle était, parlant d’une « collègue intègre, engagée et très appréciée ». À travers ses années d’implication, elle a « contribué largement au développement de la ville et avait à cœur le bien-être des citoyens », a souligné M. Corbeil.
Une conseillère présente
Son prédécesseur, l’ex-maire Claude Bernier, s’est lui aussi rappelé d’une conseillère toujours là pour ses citoyens et « appréciée de son monde ». En plus de répondre à ceux qui l’interpellaient, elle n’hésitait pas non plus à prendre les devants et à informer les citoyens qui allaient être touchés par un projet municipal, a-t-il fait remarquer.
Une qualité que peut confirmer l’éditeur et propriétaire du Courrier de Saint-Hyacinthe, Benoit Chartier, qui se trouve aussi à être résident de son quartier depuis 23 ans. Peu importe le dossier, « elle a toujours répondu présente », a-t-il rapporté, vantant son suivi exemplaire. « C’était une conseillère très près de ses résidents. Je sais qu’elle parlait à tout le monde dans le quartier », a-t-il ajouté.
Normal, « elle aimait le monde » et encore plus travailler pour ses citoyens, a soutenu son collègue André Beauregard, qui l’a d’abord connue à travers son implication dans le tournoi de baseball moustique avant de la rejoindre à la table du conseil. Elle avait d’ailleurs un petit atout dans sa manche pour maintenir une telle fiabilité auprès de ses citoyens. La conseillère gardait précieusement un petit cahier « très structuré » où elle notait les différents suivis à effectuer, a révélé M. Beauregard.
Attristé de son départ, il se rappelle d’une femme souriante, très humaine et rassembleuse, particulièrement pour sa famille. En plus de toutes ces années de service public, elle était également impliquée avec son mari et ses fils dans l’entreprise familiale qui est toujours en activité, le Salon de l’électronique Audette, bien évidemment dans le quartier Notre-Dame.
Là aussi, elle y laisse un grand vide, où son sourire et sa présence manqueront énormément, a commenté sa famille. Partie trop tôt à son goût, Nicole Dion Audette avait encore mille et un projets en tête pour sa ville, ont confié ses proches, qui la voyait toujours aussi passionnée qu’à ses débuts.
Une femme impliquée
Par ses recommandations « toujours bien étudiées » à titre de présidente du comité consultatif d’urbanisme (CCU), elle a toujours inspiré une « grande confiance » autour de la table du conseil, a indiqué Claude Bernier. Elle a longtemps occupé ce poste stratégique et donnait « toujours l’heure juste, que ça nous plaise ou non », a fait remarquer Bernard Barré, saluant l’expertise, l’expérience et le jugement qu’elle apportait au comité. « C’est une perte énorme », a-t-il commenté.
Une observation validée par celle qui y siégeait avec elle, la conseillère Claire Gagné, qui voit dans sa complice une femme « vive, perspicace, intelligente et courageuse ». Tout en dirigeant les séances avec contrôle, elle savait être attentive envers les autres, a-t-elle remarqué. Mme Dion Audette n’hésitait pas non plus à se rendre sur place, pour constater une situation de visu avant de l’aborder en comité. « J’ai toujours admiré sa force et sa capacité de travail. Elle croyait sincèrement qu’on pouvait faire avancer les choses en se mettant au travail. Elle était dure à suivre dans une journée », a lancé Mme Gagné.
L’ancien directeur général de la Municipalité, Alain Rivard, se souvient quant à lui de l’attitude toujours constructive de la conseillère dans ses interactions avec l’administration municipale. « Elle était toujours à la recherche du consensus », a-t-il indiqué, une attitude particulièrement utile au CCU, qui doit parfois arbitrer entre les intérêts des promoteurs et ceux des citoyens. « Les gens savaient que c’était quelqu’un sur qui on pouvait se fier », a complété M. Rivard. L’ex-maire Bernier note aussi la bonne humeur avec laquelle elle arrivait en réunion, un trait de caractère sur lequel tous les témoignages s’accordent.
Elle n’en restait pas moins un modèle d’acharnement et de persévérance, selon Bernard Barré. Pour l’anecdote, il a rappelé sa réaction lorsque la possibilité de fermer la piscine Notre-Dame avait été proposée au conseil il y a plus d’une dizaine d’années. « La suggestion a frappé un mur », a imagé M. Barré en se rappelant de la réaction de la conseillère.
Ce qui est certain, c’est que tous la respectaient autour de la table. André Beauregard se rappelle qu’elle a participé à une rencontre préparatoire avant le conseil du 2 mars, il y a à peine plus d’un mois, peu avant qu’elle ne soit admise à l’hôpital. Elle n’avait toutefois pas trouvé la force d’aller en séance publique par la suite. « Elle est restée digne jusqu’à la fin », assure Claire Gagné, même au moment de faire ses adieux.
Un legs à sa hauteur
Mais le dossier qui lui tenait le plus à cœur ces dernières années est sans contredit celui du centre d’activité physique pour les 50 ans et plus qui doit éventuellement voir le jour au centre communautaire Notre-Dame. Le projet est toujours en attente de subvention, si bien qu’elle n’aura malheureusement pas pu le voir de son vivant, mais « c’est sûr que ça va se faire et c’est grâce à elle », a statué le conseiller Barré.
Il évoque déjà l’idée de nommer ce nouveau centre en son honneur, mais rien n’est encore officiel. L’élu de La Providence est tout de même le président du comité de toponymie et il certifie qu’il va « défendre son nom » d’une façon ou d’une autre.