Car le Honda Pilot Trailsport dont j’ai fait l’essai est un peu comme ce yogourt nature, auquel cependant on n’aurait pas additionné assez de sirop : il est bon, mais un tantinet ennuyeux malgré ses prétentions d’aventurier hors route.
Ce Pilot, il a été renouvelé l’année dernière et présente désormais une silhouette moins carrée, plus dans la lignée de ce que propose la famille Honda. Le design n’est pas exceptionnel et ne le distingue pas nécessairement de ses rivaux, mais il faut bien avouer que la couleur bleu ciel voilé nacré (quelqu’un devra vraiment un jour me dire comment on trouve ces noms de couleur) est une jolie réussite. Exclusive à la version Trailsport, tout comme les indications inscrites en rouge, elle donne au Pilot une personnalité éclatante.
L’éclatant ne se transporte malheureusement pas à l’intérieur. Encore, la comparaison avec le yogourt tient la route. L’intérieur est bien pensé, l’ergonomie est au rendez-vous et même le système d’infodivertissement qui s’affiche dans un écran de 9 pouces logé haut dans la planche de bord est agréable.
Les jauges sont faciles à lire, les commandes générales sont simples à comprendre et intuitives, et l’ajout de série de Apple Car Play et Android Auto est d’un intérêt certain. Mais l’intérieur sur fond noir, avec des décorations noires et quelques surpiqûres rouges n’offre aucun réel relief. Il est efficace, mais pas nécessairement visuellement spectaculaire. Heureusement, la qualité d’assemblage est bonne, et les matériaux semblent d’assez bonne qualité pour durer longtemps.
Autre bonne note de ce Pilot, l’espace intérieur y est abondant, du moins dans les deux premières rangées, car la troisième demeure toujours assez symbolique. Mais prenez place à l’avant ou au deuxième rang, et vos épaules et vos jambes ne manqueront pas de possibilités pour se délier sans souci. Les sièges, sans être un modèle de grand confort, sont assez soutenants même si, je dois l’avouer, il m’a fallu plusieurs tentatives pour trouver la position de conduite idéale.
Capacités mécaniques
Sous le capot de ce Pilot, un moteur V6 3,5 litres de 285 chevaux, marié à une boîte automatique 10 vitesses. Vous vous direz rien de nouveau sous le soleil. Sauf qu’en comparaison des anciennes générations, il a été retouché, ajoutant notamment un arbre à cames et 5 chevaux de puissance.
La différence peut sembler insignifiante, mais force est d’admettre que le moteur est plus souple, propose plus de rendement à bas régime et se jumelle mieux avec les activités de la boîte de vitesse. Cela se fait malheureusement au détriment de la consommation de carburant qui, au terme de ma semaine d’essai, frôlait les 12,8 litres aux 100 kilomètres, sans pourtant que je fasse d’excès.
La vraie différence du Trailsport, elle provient notamment du rouage intégral plus raffiné et offrant de nouveaux modes de conduite, de plaques de protection sous le véhicule pour vos aventures hors route et de suspensions conçues pour absorber des chocs plus durs.
C’est ici que le problème survient. Car les suspensions, devenues trop molles, peinent à conserver à plat une carrosserie assez lourde, ce qui entraîne des mouvements de caisse latéraux importants en virage appuyé. Même son de cloche en accélération ou en freinage un peu brusque puisque le transfert de poids est important. Quant à la direction, largement surassistée, elle est précise, mais sans aucune sensation.
Nul doute que le Honda Pilot est un excellent VUS de grande taille. Il est solide, offre une bonne valeur de revente et est polyvalent. Mais l’absence de sensations de conduite, la consommation élevée et son prix, avouons-le, assez imposant ne lui permettent pas de se hisser aussi haut qu’auparavant face à la compétition.
Dommage, il ne faudrait qu’un tout petit peu plus de sirop ou de fruits pour que ce Honda Pilot soit encore mieux que ce qu’il est déjà.
