Certes, ce dernier vient d’être battu dans le comté à l’élection fédérale du 17 septembre, mais par une courte majorité. De plus, Mercier est un orateur redoutable qui sait se faire apprécier des foules grâce à sa façon simple et émouvante de s’adresser à son auditoire. Joly le nomme donc solliciteur général dans son gouvernement pour lui donner du poids. Le 3 juin 1879, lors de l’élection partielle, Mercier défait le conservateur Antoine Casavant, également battu l’année précédente par Pierre Bachand, et devient ainsi le second député de Saint-Hyacinthe à l’Assemblée législative.
Honoré Mercier est né le 15 octobre 1840 à Saint-Athanase d’Iberville. Il est le fils de Jean-Baptiste Mercier, cultivateur, et de Marie-Catherine Timineur (Kemener). Jean-Baptiste est très proche des Patriotes lors de la rébellion de 1837. En septembre 1854, le jeune Honoré fait son entrée au Collège Sainte-Marie à Montréal, une école tenue par les Jésuites. En 1862, il va apprendre le droit à Saint-Hyacinthe auprès des avocats Maurice Laframboise et Augustin-Cyrille Papineau, le neveu de Louis-Joseph, l’ancien chef des Patriotes. Il poursuit ses études à Montréal en 1864, avant d’être reçu avocat l’année suivante.
Mercier est fondamentalement un homme d’idées. Voilà pourquoi, durant ses études, il s’adonne au journalisme dans les pages du Courrier de Saint- Hyacinthe, journal pourtant conservateur. En effet, à cette époque, Mercier prend ses distances avec les libéraux qu’il trouve trop anticléricaux à son goût. De plus, il est convaincu que cette grande rivalité entre bleus et rouges, typiquement canadienne-française, joue le jeu des Canadiens anglais qui profitent de ce déchirement fratricide. Toutefois, le débat sur la Confédération le fait revenir dans le giron libéral. Il est contre ce projet qu’il considère dangereux pour l’avenir des francophones. Dans ce contexte, il n’a d’autre choix, en mai 1864, que de quitter son emploi au Courrier.
En 1865, une fois ses études terminées, il s’installe à Saint-Hyacinthe où il épouse Léopoldine Boivin le 29 mai 1866 à la cathédrale de Saint-Hyacinthe. Le couple aura une fille, Éliza, qui épousera Lomer Gouin, premier ministre du Québec de 1905 à 1920. Léopoldine, qui a toujours eu une santé chancelante, meurt le 16 septembre 1869. Mercier épouse en secondes noces Virginie St-Denis, de douze ans sa cadette, le 9 mai 1871. Ils auront cinq enfants. Il se consacre alors à sa famille, à sa carrière d’avocat et au développement économique de sa ville.
Toujours convaincu que l’intérêt national devrait passer au-dessus des considérations partisanes, il se joint en 1871 au tout nouveau Parti national. Cette formation fédérale se veut une coalition entre libéraux et conservateurs ayant pour but de transcender la sempiternelle rivalité entre les rouges et les bleus. Mercier se présente sous cette bannière aux élections du 28 août 1872 dans Rouville. Il est élu et il se rend à Ottawa, où il déchante rapidement.
Il s’aperçoit que le Parti national, qui n’a fait élire qu’un petit nombre de députés, se retrouve dans les faits à siéger aux Communes aux côtés des libéraux d’Alexander Mackenzie qui apprécie peu Mercier et ses idées nationalistes. Lorsque le gouvernement conservateur de John A. Macdonald tombe à cause d’un scandale, Mackenzie forme un cabinet dans lequel aucun des députés du Parti national n’est présent. Mercier comprend le message et il décide de ne pas se représenter aux élections de 1874. C’est ainsi qu’il quitte la scène politique fédérale.
À suivre…
Par Martin Ostiguy, membre du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe