« Il a fallu réinventer l’école et revoir de quelle façon nous allions faire rouler les écoles. Depuis mars dernier, la nature de notre travail a changé, car il y a une donnée qui s’est ajoutée : la santé et la sécurité de nos élèves et de nos employés [dans un cadre de pandémie] », partage la directrice de l’école primaire aux Quatre-Vents et présidente de l’Association des directions d’établissement Maskoutains Acton (ADEMA), Maryse Gélinas.
Lavage des mains, respect de la distanciation sociale, circulation sécuritaire, port du masque, nombreuses sont les consignes à respecter et, surtout, à appliquer dans les établissements scolaires. En effet, le défi de la rentrée scolaire 2020 s’est révélé double pour ces capitaines de navires pour qui « les semaines de 50 heures sont déjà monnaie courante ».
D’une part, ils ont dû orchestrer le retour en classe, qui constitue toujours un blitz en soi, affirme Mme Gélinas, et d’autre part, veiller à la fonctionnalité des écoles en temps de pandémie en plus de plancher, en septembre, sur les protocoles d’urgence inhérents à la COVID-19, à la demande du ministère de l’Éducation. Puisque « le reste de la vie scolaire continue », c’est une réalité qui pèse lourd sur les épaules des directeurs.
« Je ne sais pas s’il s’agit de ma rentrée la plus difficile, mais c’est assurément la plus intense », reconnaît celle qui est à la tête de l’école aux Quatre-Vents depuis cinq ans.
Plus récemment, les établissements scolaires ont vécu beaucoup d’incertitude quant à la réorganisation du calendrier de cours pour la période des fêtes. Sur le territoire maskoutain, les annonces ministérielles se traduiront par deux jours de classe virtuelle pour les élèves du primaire et six jours pour le secondaire. « Nous serons davantage en mode apprentissage à distance plutôt qu’en enseignement à distance durant ces périodes. Ainsi, nous n’aurons pas à déployer toute une flotte d’équipement à la maison », note Mme Gélinas.
Elle affirme également pouvoir compter sur la précieuse collaboration des équipes-écoles pour que ces chamboulements se déroulent sans heurt auprès des élèves.
Fatigue accumulée
La présidente de l’ADEMA soutient que, si la fatigue s’accumule pour ses homologues maskoutains, ils continuent de garder le moral. « Le fait de dire, en septembre, que nous ressentions déjà la fatigue des fêtes a été une image forte. Au départ, nous étions beaucoup dans la nouveauté. Maintenant, nous avons d’autres préoccupations. Nous tentons de faire rouler les choses un peu comme à l’habitude. L’année scolaire se terminera-t-elle comme à l’habitude? Je ne sais pas, mais nous avons déjà fait la démonstration que nous étions capables de nous adapter, donc nous serons encore capables de nous adapter rendus là », croit Mme Gélinas.
Elle souligne d’ailleurs qu’un climat de collaboration et d’entraide règne entre la cinquantaine de membres de l’ADEMA. « Nous partons du principe que, puisque tout ce que l’on fait est nouveau, si nous réinventons tous la roue chacun de notre côté, nous ne sommes pas du tout efficaces collectivement. »
Trois mois après le retour en classe, celle qui cumule plus de 10 ans d’expérience à titre de directrice scolaire se sent davantage en harmonie avec la situation. Du bout des lèvres, elle glisse l’expression « lâcher-prise ». Au bout du fil, elle marque une pause, puis se reprend. « C’est davantage de l’acceptation, car je ne suis pas dans un manque de rigueur en ce moment. Seulement, ça ne sert à rien de se surinvestir là-dedans, car c’est là que ça devient très épuisant. Nous aurons les réponses au moment où elles seront disponibles », témoigne-t-elle avec sagesse.
Limites floues
En plus de la charge de travail additionnelle, la pandémie est venue brouiller les limites entre la vie personnelle et professionnelle des directeurs d’école. Dès qu’un cas de maladie à coronavirus est déclaré positif au sein d’un établissement scolaire, les dirigeants doivent immédiatement délaisser leurs activités afin d’enclencher la chaîne de procédures visant à juguler la contamination. « Qu’il soit 20 h le soir ou 9 h le dimanche matin, on doit tout mettre de côté pour se concentrer sur le cas. Il n’y a plus vraiment de notion de soirée ou de fin de semaine », fait valoir Mme Gélinas.
Elle ajoute que chaque nouveau cas identifié génère près de 4 h de travail au directeur de l’établissement touché. Il incombe à ce dernier de fermer la salle de classe, de contacter les parents, d’effectuer l’enquête épidémiologique et de communiquer toutes les informations pertinentes en lien avec la situation.
Pour faciliter les communications lors de la déclaration d’un cas, deux directeurs d’école retraités ont été recrutés par le Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe afin d’assurer la liaison avec la Direction de santé publique. Mme Gélinas qualifie cette organisation comme étant « drôlement facilitante » dans le cadre de ses fonctions.