16 janvier 2014 - 00:00
Il ne restera plus rien de la Goodyear
Par: Le Courrier

La démolition de l'usine Goodyear, amorcée en novembre 1995, aura finalement été complétée 19 ans plus tard. Depuis la semaine dernière, les pelles mécaniques dévorent sans relâche l'édifice de briques et s'y activeront jusqu'à faire table rase du bâtiment.

Le propriétaire de l’édifice, Stéphane Arès, estime que les travaux seront terminés à la fin janvier.

Un complexe résidentiel d’une centaine d’unités devrait être bâti sur le terrain bientôt vacant, mais les détails de ce projet demeurent toujours inconnus. « Je suis un peu à moins une concernant la construction. Avec la période des fêtes, tout était au ralenti et j’attendais que la démolition débute avant de retourner sur la planche à dessin », explique l’agent immobilier. David Bousquet, seul conseiller municipal à s’être opposé à l’octroi du permis, avoue « avoir fait son deuil » de cet édifice, tout comme ses citoyens du quartier Sacré-Coeur. Il reconnait que puisqu’un objectif de densification du secteur est poursuivi, il était impossible de conserver tous les bâtiments. Toutefois, le conseil municipal semble avoir remis la protection du patrimoine sur sa liste de priorité. D’après M. Bousquet, les élus se sont montrés favorables à l’élaboration d’un plan d’aménagement d’ensemble pour le site entourant l’ancienne usine Goodyear. Cette étude permettra d’assurer une harmonie et un rappel du caractère industriel des bâtiments d’antan lors de la reconstruction. Pour Stéphane Arès, la disparition de son édifice signifie, en partie, la fin d’une longue lutte avec les instances municipales. Durant quatre années, la Ville de Saint-Hyacinthe a imposé une réserve foncière sur le terrain de M. Arès. Cette imposition gelait la valeur du bâtiment concerné dans le but d’y favoriser des projets publics ou privés. À l’époque, le maire Claude Bernier préconisait la transformation du site en un stationnement incitatif pour les utilisateurs du train de banlieue. Une fois la réserve foncière levée, Stéphane Arès déposa une demande de permis de démolition à la Ville en septembre, laquelle ne fut autorisée que quatre mois plus tard. De nombreux citoyens s’opposèrent à l’émission du permis. En raison des pertes financières encourues par la réserve foncière, Stéphane Arès poursuit la Ville de Saint-Hyacinthe pour un montant de 472 000 $.

Histoire de textile

Saint-Hyacinthe a été marquée par le développement de l’industrie du textile dans les années 1920 et l’usine de la Goodyear Cotton Co. y a joué un rôle majeur.

La compagnie américaine Goodyear a ouvert ses portes en sol québécois pour la première fois en avril 1926, à Saint-Hyacinthe. L’usine spécialisée dans la production de tissus de coton, nylon et polyester pour les pneus s’installa chez nous avec ses 400 employés après avoir fait l’acquisition des anciens locaux de la Manhasset Cotton Co.Trois ans plus tard, la superficie du bâtiment fut presque doublée, de même que le nombre d’employés, avec la construction d’une rallonge de 408 pieds par 140 pieds. Si la production tournait à plein régime durant la Seconde Guerre mondiale, elle connu un ralentissement quelques années plus tard pour finalement s’éteindre en 1991 avec la fermeture de l’usine. La fin des activités dans ce complexe industriel força la mise à pied de 144 employés, dont plusieurs, disait-on à l’époque dans un article du COURRIER, eurent de la difficulté à retrouver un emploi dans l’industrie du textile déjà saturée à Saint-Hyacinthe. Le dernier coup de grâce porté à la défunte usine Goodyear fut celui de la démolition de près de 375 000 pi. ca. de plancher en novembre 1995, après qu’un promoteur eut acheté le lot pour le convertir en secteur résidentiel. Seul le bâtiment à la toiture à redans (dents de scie) fut épargné pour des raisons architecturales. C’est cette même architecture qui, 19 ans plus tard, a rendu l’édifice désuet et difficile d’entretien.

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