Député péquiste de Saint-Hyacinthe de 2008 à 2014, Émilien Pelletier ne pouvait rater une si belle occasion de renouer avec tout son petit monde politique.
Dimanche, s’il dit avoir pris plaisir à participer à un atelier sur le régime canadien et les services publics, il a surtout été impressionné par ce qu’il a vu et entendu.
« J’y ai rencontré beaucoup de jeunes provenant des régions, ils sont très présents, actifs, bruyants et engagés. La relève du Parti québécois s’en vient. C’était beau à voir, toute cette énergie, cet optimisme. J’ai vite senti dimanche qu’il se passe quelque chose, comme une fierté retrouvée au sein du parti. Tout cela m’a impressionné. »
Et sans doute rassuré, aurait-il pu ajouter. Celui qui possède sa carte de membre du PQ depuis 1968 a vécu tous les hauts et les bas de cette formation politique depuis. Il a entendu sans broncher bien des observateurs prédire la mort du parti ces dernières années, alors qu’il était au plus bas il n’y a pas si longtemps.
Rappelons qu’au terme de la soirée électorale l’an dernier, le PQ avait réussi à ne faire élire que trois maigres députés, une députation capable de tenir sur une seule banquette du restaurant Zibo. Sauf que la victoire surprise de Pascal Paradis lors de l’élection partielle du 2 octobre dans la circonscription de Jean-Talon a gonflé les voiles du parti au point d’en faire un prétendant sérieux au pouvoir, croit M. Pelletier.
« Ce résultat-là, l’ampleur de la victoire, je ne l’avais pas vu venir, cela m’a surpris. C’est bon signe, cela fait de nous [le PQ] l’option la plus sérieuse en vue des prochaines élections. Je ne sais pas si nous parviendrons à combler tout l’écart qui nous sépare de la CAQ d’ici là [2026], mais nous allons travailler fort pour y arriver. C’est fou à quel point le climat politique peut changer rapidement au Québec. On nous donnait pour morts l’an dernier, puis on a ressuscité et nous voilà bons deuxièmes. Ça me réjouit tout ça. »
Et parmi ses sources de réjouissances, on trouve l’attitude et la performance de son chef Paul St-Pierre Plamondon. Il confie qu’il n’était pas dans son camp lors de l’investiture, alors qu’il lui préférait le député de Jonquière Sylvain Gaudreault, mais qu’à l’instar de bien du monde, il a fini par être séduit, puis convaincu. Franc comme toujours, Émilien Pelletier avoue que son chef dépasse ses espérances. Il ne croyait pas qu’il allait performer comme il le fait, pas aussi rapidement en tout cas.
« Il joue bien son rôle, dit-il au sujet de PSPP. Il parle le langage des jeunes, il s’assume et inspire confiance aux jeunes comme aux vieux comme moi. Il n’est jamais déstabilisé et il ne louvoie pas dans ses propos. Il rassemble, il est calme. Surtout, il rêve lui aussi de faire du Québec un pays et il ne s’en cache pas. Le chef donne la direction et tous les autres suivent. C’est positif, il n’y a pas de chicane dans les rangs. »
Cap sur 2026
Tous les espoirs semblent donc permis pour les élections de 2026, estime le politicien maskoutain, pour qui la question de l’urne est déjà toute trouvée. Il faut savoir que le chef s’est engagé à tenir un référendum dans un premier mandat, et ce, peu importe le niveau d’appui dans les sondages. « La question de l’urne portera sur l’indépendance, c’est certain, tranche Émilien Pelletier. Avec un nouvel argumentaire peut-être. On a le budget de l’an 1 qui démontre que c’est possible, puis on pourra prouver que toutes les promesses de 1995 n’ont pas abouti et que, finalement, l’indépendance fera beaucoup mieux pour le Québec que le fédéralisme actuel. Mais d’ici là, il reste du travail à faire, des gens à convaincre. Mais ils sont déjà beaucoup plus faciles à convaincre que l’an dernier à pareille date. Je suis très optimiste pour la suite des choses. »
Ce dernier est lucide et il sait que la partie est loin d’être gagnée pour le PQ dans le comté de Saint-Hyacinthe où la députée Chantal Soucy règne depuis 10 ans. À l’élection du 3 octobre 2022, elle avait été réélue avec une majorité de 15 587 voix sur le candidat péquiste Alexis Gagné-Lebrun. « Ça change vite en politique et il n’y a rien d’impossible. On l’a vu dans le comté de Saint-Hyacinthe au fédéral quand Marie-Claude Morin a défait Ève-Mary Thaï Thi Lac, si ma mémoire est bonne. »
Sa mémoire est de fait encore excellente. Alors qu’elle avait été portée au pouvoir avec une majorité de 12 524 voix en 2008, la députée bloquiste avait été battue à plate couture par la candidate du NPD à l’élection suivante en 2011. Portée par la vague Jack Layton, Mme Morin l’avait emporté par une majorité de 14 312 voix.
Et si vous vous posez la question, oui Émilien Pelletier rêve encore de voir le Québec devenir un pays. « Je n’ai jamais arrêté d’y croire… »