7 mai 2020 - 13:45
Il suffit de peu pour briser notre sécurité alimentaire
Par: Véronique Lemonde
Christian St-Jacques, président de l’UPA de la Montérégie. Photo UPA

Christian St-Jacques, président de l’UPA de la Montérégie. Photo UPA

L’achat local de produits québécois a le vent dans les voiles, les travailleurs étrangers commencent à arriver, le secteur horticole reprend du service et déjà des centaines de Québécois désirent prêter main-forte aux agriculteurs aux champs cette saison-ci. Ils sont aussi nombreux à se demander si l’agriculture ressortira complètement transformée de cette pandémie mondiale. Encore trop tôt pour procéder à un véritable post mortem, le président de l’UPA de la Montérégie, Christian St-Jacques, nous livre tout de même quelques réflexions sur la situation actuelle.

« Je pense que les gens ne peuvent plus nier le travail majeur qu’abattent les agriculteurs pour assurer leur sécurité alimentaire. Les gens sont plus sensibilisés à notre travail et se rendent compte aussi combien la chaîne alimentaire est fragile. Du moment qu’un maillon de la chaîne bloque, toute la chaîne en subit les conséquences », estime Christian St-Jacques.

À preuve, certaines tablettes vides dans des supermarchés, alors que les entrepôts sont bien pleins. « Il ne manque aucun produit présentement et, oui, nous avons dû avoir quelques discussions avec des transformateurs alimentaires et des propriétaires d’épiceries quand un certain arrimage manquait entre les deux. Il y a eu quelques manques temporaires, mais actuellement, aucun produit n’est en pénurie. »

Plusieurs rencontres ont eu lieu entre l’UPA de la Montérégie et chaque secteur agricole pour s’assurer que tous les produits se rendent bien sur les tablettes. À cet effet, le président de l’UPA du Québec, Marcel Groleau, soulignait, dans un de ses éditoriaux, le 2 avril, que d’avoir le luxe de plus se préoccuper de ses vacances que de sécurité alimentaire, au Québec, prouve sans l’ombre d’un doute que notre société est très privilégiée.

Cependant, la pandémie actuelle met en lumière les failles de la mondialisation, dont dépend grandement notre sécurité alimentaire. « Notre politique alimentaire est complètement à revoir pour protéger encore plus notre sécurité alimentaire dans l’avenir. Le projet du Panier bleu, par exemple, nous développions ce genre d’initiative depuis bien longtemps, mais là, la pandémie accélère les choses. »

Une reprise aux champs

Avec la reprise du secteur horticole et ornemental, l’UPA espère que certaines incertitudes se calmeront. « Le secteur des grandes cultures est moins touché, car les producteurs sont moins dépendants de main-d’œuvre dans ce domaine. Les semis démarrent et les intrants sont livrés aux producteurs. C’est rassurant. Cependant, le dossier de la main-d’œuvre étrangère reste vraiment d’actualité, car il s’agit de la force vive des secteurs horticole et maraîcher. Pour plusieurs, la question de la planification aux champs se pose toujours, certaines cultures ne pourront pas être démarrées à temps », ajoute M. St-Jacques.

Le secteur agricole compte énormément sur les Québécois qui sont présentement sans emploi et qui sont prêts à venir travailler aux champs dès maintenant. Avec la campagne de recrutement Contribuez à nourrir le Québec sur-le-champ, des Québécois pourront être affectés à la préparation des sols, l’entretien des champs, la plantation, les récoltes et l’emballage, des tâches qui sont cruciales pour commencer la saison agricole. « Encore faut-il réussir à convaincre assez de gens pour nous aider aux champs, ce qui n’est pas évident non plus avec la Prestation canadienne d’urgence (PCU) offerte à plusieurs. » À l’heure actuelle, il semble que plusieurs centaines de Québécois auraient déjà répondu à l’appel du secteur agricole pour travailler aux champs.

« Le plus important, c’est que nous tentons d’être très présents pour tous nos producteurs. Nos agents sont disponibles pour rassurer et informer les agriculteurs, par exemple sur les aides financières disponibles s’ils ont des pertes. Nous faisons beaucoup un travail de communication présentement », conclut M. St-Jacques.

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