11 août 2011 - 00:00
« Ils ne sont pas les bienvenus! »
Par: Nicolas Dubois
Yvon Pesant, maire de Saint-Marcel

Yvon Pesant, maire de Saint-Marcel

Yvon Pesant, maire de Saint-Marcel

Yvon Pesant, maire de Saint-Marcel

La bataille est loin d'être gagnée pour les groupes environnementalistes qui réclament au gouvernement du Québec la tenue d'un moratoire complet avant la poursuite des activités d'exploitation du gaz de schiste. La venue possible de la Canadian Forest Oil à Saint-Marcel, non pas pour ses paysages bucoliques, mais plutôt pour la valeur de ses gisements gaziers, dérange.

« Nous sommes mis devant les faits accomplis dans ce genre de situation. Nous manquons d’informations. Est-ce que des gazoducs vont sillonner nos terres agricoles et quels sont les risques environnementaux, s’est questionné le maire de Saint-Marcel, Yvon Pesant. Ils ne sont pas les bienvenus! »

La rumeur de l’installation possible de puits de gaz de schiste s’est propagée à la vitesse grand V dans cette petite municipalité rurale. Plusieurs citoyens s’opposent à la venue de cette entreprise albertaine.« C’est épouvantable. Les citoyens de Saint-Marcel vont être des cobayes. Nous sommes une petite communauté rurale et agricole. Il ne faut pas que nos cours d’eau et notre nappe phréatique soient contaminés. J’ai l’impression que les entreprises choisissent de s’établir dans des petites villes qui n’ont pas les moyens de se battre », a témoigné une résidente de Saint-Marcel, Marie-Andrée Fortier.

Un moratoire avant toute chose

Le député indépendant Jean-Martin Aussant, dont la circonscription de Nicolet-Yamaska regroupe la municipalité de Saint-Marcel, croit que la tenue d’un moratoire est essentielle avant d’aller plus loin dans le développement du gaz de schiste.

Il ne se positionne ni pour ni contre l’industrie, mais estime que le gouvernement du Québec doit mesurer correctement les répercussions sur l’environnement avant d’aller de l’avant. La venue de la Canadian Forest Oil à Saint-Marcel l’inquiète. « Il faut tenir un moratoire avec des études sérieuses nous permettant de prendre une décision éclairée. S’il y a une façon de s’enrichir collectivement avec nos ressources au Québec, tant mieux. Mais on ne veut pas s’empoisonner pour s’enrichir », a-t-il commenté. M. Aussant croit également qu’il est grandement temps de réformer la Loi sur les mines, une loi vétuste à son avis, et de hausser les redevances imposées aux entreprises. Précisons que la Loi sur les mines permet l’expropriation si un producteur agricole refuse de vendre une partie de ses terres. Pour le porte-parole de l’opposition officielle en matière de mines et député du Parti québécois, Scott McKay, il est absolument inacceptable que l’on poursuive l’exploration de nouveaux gisements de gaz de schiste avant que les résultats de l’ÉES [Évaluation environnementale stratégique] ne soient connus.« Le fait que cette entreprise pourrait lancer un nouveau gisement démontre bien que le gouvernement libéral a pipé les dés pour favoriser, encore une fois, les intérêts des gazières plutôt que l’intérêt public », a commenté M. McKay.

Demi-victoire pour les antischistes

Le lobby antischiste a récemment remporté une demi-victoire, près de six mois après la détection de fuites au puits de La Présentation. La ministre de l’Environnement Nathalie Normandeau a donné le feu vert à l’entreprise Cambriam pour qu’elle effectue des travaux de colmatage afin que le puits devienne inopérant.

Plus de 500 personnes manifestaient d’ailleurs au mois de juin afin d’exiger la tenue d’un moratoire justement devant le puits de Cambriam. Plusieurs se demandaient quand le puits serait rendu inopérant. Le porte-parole du Comité non schiste de La Présentation, Gérard Montpetit, confirme avoir aperçu des travaux au puits de l’entreprise Cambriam. Celui-ci s’est dit satisfait que les fuites soient enfin colmatées, même si plus de six mois se sont écoulés depuis leur détection. « On a l’impression que tout ce qui importe dans le dossier des gaz de schiste, c’est l’argent. On se fout du côté humain et du côté environnemental », a relaté M. Montpetit.

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