Bien que tout à fait « malheureux », le déversement était « impossible à prévenir », a déclaré ce lundi Claude Corbeil dans son allocution d’ouverture. L’incident s’est par ailleurs avéré « moins dramatique » qu’en 2016, a soutenu le maire, qui a parlé de « quelques poissons adultes et d’autres de petite taille » retrouvés morts dans un seul secteur de la rivière. « On ne banalise pas » ce qui s’est passé, a-t-il néanmoins ajouté.
Oubliez toutefois un mea culpa en bonne et due forme de la part de la Ville, comme ce fut le cas en 2016. « On appelle ça un accident », a affirmé M. Corbeil en parlant du récent déversement qui découle à l’origine d’un bris d’aqueduc. Comme la fuite s’est répandue dans une station de pompage, il a fallu couper le courant pour protéger les installations électriques, laissant ainsi les pompes à l’arrêt, ce qui a occasionné le déversement d’au moins deux millions de litres d’eaux usées directement dans la rivière, et ce, pendant 4 h 45 minutes. Il faut même louer le travail des équipes municipales, a ajouté le maire, puisqu’elles ont permis de sauver les pompes d’un bris majeur, et donc d’un déversement encore plus long.
Réaction à rebours
Le lien entre cet incident et la mortalité de poissons a néanmoins été reconnu sans ambiguïté par le maire Corbeil, alors que le service des communications n’était pas en mesure la semaine dernière d’établir de lien direct de cause à effet. Le maire a aussi indiqué que les patrouilles effectuées vendredi et samedi n’ont « rien détecté d’anormal » sur la rivière. Ce n’est qu’à partir de lundi, à la suite de signalements de la part de citoyens, que la Ville a réalisé que quelque chose clochait.
Encore une fois, la chaleur et le faible débit de la rivière ont été montrés du doigt par la municipalité pour expliquer la mortalité des poissons étant donné que les surverses sont monnaie courante à la Ville de Saint-Hyacinthe, mais aussi dans tous les réseaux d’égouts municipaux. « Les surverses, c’est une réalité partout au Québec » et « oui, ça va réarriver », a reconnu M. Corbeil, même si la Ville fait évidemment tout pour « tenter de les éviter ». La somme considérable de 63,5 M$ risque d’ailleurs d’être investie dans les cinq prochaines années pour réhabiliter le réseau, ce qui inclut justement la mise aux normes de l’usine d’épuration et de la station de pompage Girouard, celle en cause dans le récent déversement. Il n’est toutefois pas clair si la nouvelle infrastructure sera adaptée pour éviter un incident du même genre. La question sera assurément étudiée, a indiqué M. Corbeil.
Les citoyens en mode solution
Quelques citoyens ont tenu à exposer aux élus leur préoccupation quant à la santé de la Yamaska et leur exaspération de voir un autre déversement municipal causer des dégâts environnementaux. « Je suis moi-même pêcheur et je vois de moins en moins d’espèces moins résistantes comme le doré et l’achigan », a rapporté l’un d’eux, visiblement découragé.
Une résidente du Rapide-Plat Nord a quant à elle fait remarquer à la Ville qu’elle n’avait aucunement informé ses citoyens sur les impacts de l’incident, autre qu’en interdisant la pratique des activités nautiques pendant quelques heures. Ce n’est que dans LE COURRIER que les citoyens ont pu apprendre que la rivière n’était pas ressortie indemne de ce déversement, a-t-elle déploré. Au moment de publier cet article, une dizaine de jours après le déversement, aucune communication officielle ne faisait encore état des conséquences sur l’écosystème de la Yamaska.
Les citoyens ont aussi fourni des pistes de solutions à la Ville pour éviter un troisième épisode de poissons morts en quelques années, à savoir d’abaisser le niveau du barrage Penman pour augmenter le niveau d’eau en aval, ou bien d’aménager un bassin de rétention près de la station de pompage pour pouvoir retenir les eaux usées au lieu de les déverser directement dans la rivière. Ces propositions n’ont pas semblé trouver preneur dans l’immédiat. Comme en 2016, la municipalité indique ne pas pouvoir agir de manière spécifique pour remédier aux dommages causés à la rivière, sinon que de poursuivre les différentes actions entreprises pour améliorer la qualité de l’eau, comme les plantations d’arbres ou la mise en œuvre de son plan de gestion des débordements, par exemple.