Le 11 juillet 1876, il est admis au Barreau et s’installe à Saint-Hyacinthe où il s’associe avec Honoré Mercier, dont il partage les idées politiques. Tribun redoutable, parlant avec ardeur, il plaît à Mercier qui n’hésite jamais à lui confier un débat contradictoire, activité dans laquelle il excelle.

Le 23 mai 1877, il épouse à Trois- Rivières Marie-Louise-Herminie Gélinas avec laquelle il aura trois enfants. Criminaliste reconnu pour l’excellence de son travail, il sera procureur du district de Montréal. Sur le plan politique, il s’intéresse d’abord aux affaires municipales. Il sera conseiller de la Ville de Saint- Hyacinthe de 1888 à 1890.

Puis, en 1890, lors de l’élection provinciale du 17 juin, il devient le troisième député du comté de Saint-Hyacinthe. Le premier ministre Honoré Mercier, jusqu’alors député libéral du comté, avait décidé de se présenter dans Bonaventure et de laisser le comté entre les mains de son ami et collègue Odilon Desmarais. Ce dernier affronte un adversaire de taille en la personne d’Édouard Mallette, un jeune avocat prometteur et plein de fougue, qui se présente pour les conservateurs. Desmarais remporte l’élection avec une avance de 315 voix.

En 1891 éclate le scandale de la Baie-des-Chaleurs, qui place les libéraux dans une mauvaise posture. Le lieutenant-gouverneur Auguste-Réal Angers démet le premier ministre Mercier de ses fonctions en décembre et une élection a lieu le 8 mars 1892.

Cette fois, le parfum de corruption n’aidant pas, plusieurs comtés libéraux changent d’allégeance, dont Saint- Hyacinthe. Le conservateur Antoine-Paul Cartier l’emporte sur Odilon Desmarais par 49 voix seulement. C’est la première fois, depuis la Confédération, qu’un conservateur devient député du comté de Saint-Hyacinthe.

Toujours intéressé par la politique, Odilon Desmarais sera député libéral fédéral de la circonscription de Montréal-Saint-Jacques entre 1896 et 1901. Il démissionne de son poste le 25 juin 1901 lorsqu’il est nommé juge dans le district de Trois-Rivières, où il s’installe avec sa famille. Il décède subitement d’une syncope alors qu’il se promène dans son jardin le 18 mai 1904. Il avait cinquante ans.

Antoine-Paul Cartier

Le successeur d’Odilon Desmarais dans le comté de Saint-Hyacinthe, Antoine-Paul Cartier, naît le 17 juin 1849 à Saint-Antoine-sur-Richelieu. Il est le fils de Narcisse Cartier, marchand, et de Marguerite Chagnon. Après ses études classiques au Séminaire de Saint- Hyacinthe, de 1860 à 1867, il entre à l’Université Cobourg-Victoria à Montréal. Il est reçu médecin en 1872. Il sera médecin de campagne durant 47 ans à Sainte- Madeleine.

Parallèlement à sa pratique médicale, Antoine-Paul Cartier s’intéresse vivement à la chose publique. Il est le petit-cousin de Georges-Étienne Cartier, l’un des Pères de la Confédération. En 1892, il se présente comme député de Saint-Hyacinthe contre Odilon Desmarais. Il l’emporte et devient ainsi le premier député provincial conservateur à siéger dans la circonscription, depuis la Confédération. Il perd ses élections en 1897 contre Georges-Casimir Dessaulles, libéral.

Après sa défaite, le docteur Cartier sera maire de Sainte-Madeleine de 1903 à 1912 et préfet de comté de Saint- Hyacinthe. En 1908, il se présente aux élections fédérales, mais il est défait par le libéral Aimé Majorique Beauparlant.

Le 7 mai 1872, à Sainte-Madeleine, le docteur Cartier a épousé Ernestine Le Noblet Duplessis, cousine du juge Nérée Le Noblet Duplessis, père du futur premier ministre. Le couple aura deux filles et quatre garçons. Antoine-Paul Cartier décède à Saint-Hyacinthe le 9 juillet 1934 à l’âge de 85 ans.

Par Martin Ostiguy, membre du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe