19 septembre 2013 - 00:00
Irrationnelle Métairie
Par: Martin Bourassa

Dans tout bon dictionnaire, même dans les mauvais, on trouve la définition du mot irrationnel : qui est contraire à la raison.

Pour sa mise à jour 2014, Larousse prévoit maintenant donner l’exemple de la Métairie pour illustrer ce mot. Je blague à peine.Le mot irrationnel colle parfaitement au dossier de la Métairie. La démonstration la plus éloquente en a été faite, lundi soir au conseil, par l’homme d’affaires Pierre Solis.Il a calculé que pour satisfaire 14 organismes culturels, la Ville de Saint-Hyacinthe compte allonger au moins 8,5 M$, soit une moyenne de 607 000 $ par organisme.C’est démesuré, insensé, estime M. Solis. Tellement que le maire Bernier n’a rien trouvé à lui répondre! Or, seulement la moitié des organismes concernés logeaient au vétuse centre culturel. Tous les autres se sont greffés au projet à l’invitation de la Ville. Ces organismes fonctionnaient déjà ailleurs en ville, sans rien demander.Parmi les 14 organismes, il y a un paquet de chorales qui pourraient certes se réunir ailleurs, un organisme qui tient trois activités par année et certains qui comptent deux douzaines de membres. Et on va engloutir 8,5 M$ pour revamper une Métairie qui servira en soirée et les week-ends, essentiellement. Oui, voilà une dépense irrationnelle. Pire, le fait de précipiter l’octroi du contrat lors de la dernière réunion du conseil avant les élections est un manque de respect flagrant pour les contribuables maskoutains et illustre toute la mauvaise foi du conseil actuel. Considérant le caractère autrement controversé du projet – la pétition des marchands du centre-ville a cumulé plus de 1 300 signatures en dix jours! – il est de mise de refiler la balle au prochain conseil et de profiter de la campagne électorale pour approfondir la discussion.Voilà un enjeu de 8,5 M$, voire davantage, propre à alimenter cette campagne.J’ai bien hâte de voir à combien sortiront les différentes soumissions pour le réaménagement et l’agrandissement de la Métairie. Il faut savoir qu’il reste environ 5,5 M$ dans l’enveloppe rattachée au projet. Compte tenu de l’expérience récente du centre aquatique, il faut espérer que la soumission retenue soit nettement plus basse que 5,5 M$ afin de pouvoir faire face aux imprévus qui viendront.L’actuel conseil vient de mettre sur la glace la décontamination d’un terrain du centre-ville en raison des soumissions trop élevées par rapport aux estimations. Or, la plus basse soumission excédait d’à peine 90 000 $ le montant prévu.Suivant cette logique, et si jamais les soumissions de la Métairie surpassent les attentes, j’ose espérer que les élus ne s’obstineront pas dans leur délire.Le seul espoir des opposants réside peut-être dans l’ouverture des soumissions puisqu’une majorité d’élus s’entêtent toujours à justifier l’injustifiable, alors que le bon sens exige rien de moins qu’un moratoire sur tout geste qui liera les mains du prochain conseil dans le dossier de la Métairie. Il y a d’autres options à étudier et une campagne électorale à mener. Si la Métairie résiste aux analyses et aux débats qui viendront, le prochain conseil aura alors toute la légitimité requise pour donner le feu vert.Nous ne sommes pas à six mois près. La réflexion s’impose.

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