6 février 2020 - 15:31
Jacques Michel : un nouveau jour s’est levé
Par: Maxime Prévost Durand
Jacques Michel jouera l’intégral de son nouvel album Tenir lors de son passage à Saint-Hyacinthe le 13 février. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Jacques Michel jouera l’intégral de son nouvel album Tenir lors de son passage à Saint-Hyacinthe le 13 février. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Il y avait plus de 35 ans que Jacques Michel n’avait pas proposé de nouvelles pièces au public. La vie est ainsi faite. Mais, pour reprendre l’idée de l’un de ses plus grands succès, un nouveau jour s’est levé et l’a amené à ressortir sa plume et sa guitare pour un autre album, Tenir. Et avec l’album vient la tournée, laquelle passera par Saint-Hyacinthe le jeudi 13 février.

Pour ce spectacle, qu’il viendra présenter au Cabaret André-H.-Gagnon du Centre des arts Juliette-Lassonde, Jacques Michel jouera toutes les pièces de ce nouvel album. Parce que pour lui, Tenir est un tout. « Ce ne sont pas dix chansons, ce sont dix couplets d’une même chanson », dit-il en entrevue au COURRIER.

L’idée de cet album a germé lors de sa précédente tournée, en 2015, alors qu’il remontait sur la scène pour la première fois en trois décennies pour jouer ses plus grands succès, parmi lesquels on retrouve bien entendu « Pas besoin de frapper » et « Amène-toi chez nous ». À ce moment, Laurent Saulnier, de l’Équipe Spectra, lui avait demandé s’il pensait écrire de nouvelles chansons. Il se disait curieux d’avoir sa vision du monde d’aujourd’hui. « Je lui avais répondu ni oui ni non, se souvient Jacques Michel. On a continué à m’en parler et les gens me le demandaient de plus en plus. Ça a commencé à me rentrer dans la tête. »

Il s’est donc prêté à l’exercice, après s’être demandé s’il pouvait encore écrire. La première à en sortir : « Tu m’disais ». Peu de temps après, Jacques Michel subissait une importante opération au cœur. « J’ai écrit “Tenir” durant ma convalescence et, à partir de ce moment, j’étais parti. »

Pas question toutefois de revenir simplement pour revenir, il y avait cette volonté de bien faire les choses. « Après chaque chanson que j’ai écrite, j’ai changé des choses, que ce soit dans les textes ou dans les mélodies. Je n’ai jamais autant remis en question le travail qui était fait. » Épaulé par le multi-instrumentiste et réalisateur Andre Papanicolaou, il a réussi à produire une galette qui le rend fier.

Encore des choses à dire

En replongeant dans cet espace qu’il n’avait plus exploré depuis longtemps, il a réussi à parler d’amour, mais aussi d’indépendance, un sujet qu’il a eu à cœur tout au long de sa carrière.

Puis, une pièce comme « Odyssée » se veut le récit d’un être au seuil de sa vie. « Elle m’est venue comme un torrent qui déboule, souligne-t-il à propos de cette dernière. Ça avait été la même chose pour “Amène-toi chez nous”. Il n’y en a pas beaucoup des comme ça dans une carrière. »

Il se retourne aussi vers le public sur la dernière pièce, « Mon dinosaure est fatigué », un clin d’œil à cette autre chanson « Sur un dinosaure », datant de la fin des années 1960. « C’est plus qu’un clin d’œil, nous reprend-il. C’est un texte pour témoigner ma reconnaissance au public de m’avoir suivi dans ma carrière. »

Ce qu’il y a d’épatant avec Jacques Michel, c’est aussi cette voix. Cet outil qui, malgré les années, demeure fort. Et l’équilibre qu’il a trouvé sur Tenir, il le trouve juste. « Je ne sens plus le besoin de montrer que j’ai de la voix. Je chante encore dans la même tonalité qu’à l’époque, fait remarquer celui qui aura 79 ans cette année. Je chante mieux et j’interprète moins. »

Parce que, lorsqu’il réécoute certaines pièces de son répertoire, il avoue entendre quelques maladresses. « “Pour toi”, je l’interprétais mal. Je poussais trop la voix, dit-il candidement. “Salut Léon”, je la chantais en étant enragé, alors que le gars est démoli, désarmé, complètement désemparé. »

En revenant sur disque et sur la scène ainsi, Jacques Michel pouvait entamer le dernier chapitre de cette carrière inachevée.

« Quand j’ai quitté la scène dans les années 1980, c’est arrivé comme ça. J’animais à la télé et j’écrivais Le village de Nathalie en même temps. Je ne pouvais pas réussir à faire trois choses de cette façon, donc j’ai quitté la scène. Mais je n’avais jamais apposé ma signature au bas [pour signifier que c’était la fin]. Pour moi, ce retour, c’est un peu cette signature. Je ne dis pas que c’est une tournée d’adieu, mais c’est probablement la dernière. »

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